A l’intérieur / House Rules

Jodi Picoult, 2010

Sur les conseils de Petite Plume et toujours dans le cadre de la Semaine à 1000, je me suis attaquée à House Rules. Je crois que c’est mon quatrième roman de Picoult (je t’ai déjà parlé de Handle with care) et si je commence à vraiment connaître et anticiper son style, c’est à nouveau une lecture qui m’a beaucoup plu.

Je te propose cette fois-ci la compagnie de Jacob Hunt, jeune homme de dix-huit ans atteint du syndrôme d’Asperger. Il est passionné de séries policières, ne supporte pas que sa routine soit perturbée, mange des repas composés d’une seule couleur qui change selon les jours de la semaine, déteste la couleur orange, ne regarde pas les gens dans les yeux, comprend le monde de manière littérale et obéit toujours aux règles. Il vit avec son petit frère Théo et sa mère, Emma, qui est seule à élever ses deux fils depuis son divorce. Lorsque Jess, une étudiante qui s’occupe d’apprendre les codes de la société et des relations humaines à Jacob, est portée disparue peu de temps après une leçon avec ce dernier, tout l’équilibre de la maison est chamboulé et une question épineuse se pose alors : comment quelqu’un comme Jacob peut-il se défendre et susciter l’empathie face à une accusation de meurtre ?

Une fois de plus, Jodi fait son travail sérieusement. C’est ce que j’apprécie le plus dans ses livres, son envie de se documenter à fond pour se mettre à la place de ses personnages, leur donner du relief et nous apporter beaucoup d’informations par la même occasion. Dans une de ses interviews, elle explique qu’elle a elle-même un cousin autiste, qu’elle a assisté à certaines de ses crises et qu’elle a eu envie d’en parler dans un livre. Mais elle voulait également en faire un des narrateurs, c’est pourquoi elle a choisi un enfant atteint d’Asperger, car c’est une forme d’autisme qui n’empêche pas la communication et qui montre une envie de comprendre les autres et d’entrer dans le moule. C’est donc une fois de plus un roman à plusieurs narrateurs, et c’est décidément une formule qui me plaît.

L’idée est efficace aussi selon moi : plutôt que de faire un roman un peu contemplatif sur le quotidien d’un enfant Asperger, Jacob se retrouve confronté à des milieux comme la prison ou le tribunal, et c’est dans ces cadres-là qu’on va vraiment comprendre son handicap. Au-delà du suspense amené par cette histoire autour de Jess, ça nous permet d’assister aux angoisses et problèmes d’un enfant atteint d’Asperger dans des situations qui seraient déjà stressantes pour n’importe qui. Par contre, l’enquête en elle-même est rapidement laissée de côté, et je n’ai pas été spécialement surprise du dénouement (parce que je lis beaucoup de polars, probablement, et parce qu’il n’y a finalement que peu de scénarios possibles), mais je ne crois pas que ce livre ait la prétention d’un thriller, l’enquête sert de cadre et l’intérêt de la lecture réside plutôt dans la façon dont les personnages gèrent la situation chacun à leur manière, donc ce n’est pas franchement grave pour moi !

Ce roman m’a beaucoup fait penser au fameux Bizarre Incident du Chien pendant la Nuit de Mark Haddon, si tu t’intéresses à la thématique de l’autisme je pense que ce sont deux très bonnes lectures, bien documentées, sans jugement et agréables à lire. Quant à moi, je vais laisser Jodi de côté quelques temps pour retrouver un regard neuf sur son écriture, mais je te conseille vraiment ce livre si ce genre d’ambiance et de thèmes t’intéresse.

Pour la musique, j’aurais pu te proposer Bob Marley (c’est la musique qui relaxe Jacob quand il se sent paniqué) mais je voulais quelque chose de plus doux, qui puisse t’accompagner tout au long de ta lecture. Mon choix se porte finalement sur du piano, pour communiquer au-delà des mots. Je te laisse donc en compagnie de Gonzales (ou Chilly Gonzales), un bonhomme vraiment impressionnant, aux mains gigantesques et au toucher si léger, qui travaille avec les plus grands et fait des merveilles en solo.