Les aventures de Monsieur Pickwick / The Pickwick Papers

Charles Dickens, 1836

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Ca y est ! Il est terminé, ce livre de plus de 1000 pages ! Il m’aura occupé deux bonnes semaines, le bougre. Il faut dire que j’ai tenu à le lire en anglais, ce qui ne m’a pas facilité la tâche, loin de là. (Mais bon, l’édition est trop belle non ? A part que quelqu’un m’a demandé si je lisais la Bible. Les gens me fatiguent…)

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La bête, avec sa tranche dorée. Je bave.

 

J’ai acheté The Pickwick Papers pendant une razzia dans une magnifique librairie ancienne à Porto l’été dernier (la librairie Lello, si ça t’intéresse (clique si tu veux la voir en photo) ! Pas bien grande mais fantastique). C’est quasiment une attraction en soi, mais il était hors de question que j’en ressorte les mains vides, et je ne parle pas portugais. Plutôt fâcheux ! Fort heureusement, je suis tombée sur le rayon anglophone, fourmillant de classiques, et je suis fièrement ressortie avec Jane EyreWuthering HeightsThe Pickwick PapersEmma et l’intégrale des pièces de théâtre d’Oscar Wilde. (Tout ça sans savoir si j’avais le niveau pour comprendre ces livres, bien évidemment). Et la semaine passée, j’ai enfin attaqué mon tout premier Dickens (c’est d’ailleurs son premier roman, autant faire les choses dans l’ordre!).

Je ne savais absolument pas de quoi ça allait parler, mais je suis irrésistiblement attirée par les gros livres, donc il me faisait de l’œil depuis un certain temps sur mes étagères. En réalité, figure-toi que cette épaisseur vient du fait que c’est à la base un roman-feuilleton ! Dickens a publié deux ou trois chapitres par mois pendant quasiment deux ans. Au cœur de cette histoire, un personnage : Samuel Pickwick, bonhomme très sympathique, retraité, aussi érudit que naïf, qui ne voit que le bien partout et qui décide de fonder un club de gentlemen (le Pickwick Club). Dès lors, il part sur les routes anglaises avec trois amis proches, Mr. Tupman, Mr. Snodgrass et Mr. Winkle, dans le but de faire des découvertes incroyables et de revenir régulièrement à Londres faire des comptes-rendus au reste du club.

Le début du roman s’organise donc comme des aventures isolées, chaque chapitre semble plus ou moins indépendant des autres. Mais rapidement, certains personnages s’installent, deviennent récurrents, et l’histoire prend forme et s’étoffe. Le ton général est volontairement humoristique, et le personnage de Pickwick est souvent comparé à un Don Quichotte : dans son absurdité douce et ses lubies, il a un côté ridicule qui le rend terriblement attachant. Et lorsqu’il engage son valet, Sam Weller, qui est diablement malin et fidèle, leur duo se complète parfaitement et donne une nouvelle dynamique au récit. De manière générale, les personnages sont vraiment bien écrits et chaque chapitre apporte son lot de quiproquos, de situations absurdes, de rebondissements cocasses propres à la littérature comique de l’époque (je pense aussi au théâtre d’Oscar Wilde, par exemple), avec toujours une critique de la société en trame de fond. Bref, ce livre est un petit bijou du genre.

Bon, je ne sais pas à quel point ça a compté, mais j’adore lire en anglais, encore plus cet anglais classique. Ce n’est pas toujours simple à suivre, et j’avais déjà de l’entraînement puisque j’ai déjà lu Jane Eyre, les pièces d’Oscar Wilde et Wuthering Heights entre-temps (trois gros coups de cœur, ai-je besoin de le préciser ?). Je ne m’y serais pas attaquée comme première lecture corsée, et je te le déconseille aussi si tu ne te sens pas à l’aise : certains personnages ont des accents, ou parlent en argot, en abrégeant certains mots, etc., ça peut vite devenir pénible si ta lecture anglophone n’est pas fluide. Et, en toute honnêteté, je n’ai probablement pas saisi toutes les nuances et les subtilités de ce roman, mais je suis fascinée par les tournures de phrases et la musicalité de la langue, ça ne me serait pas venu à l’idée de le lire en français. Et puis, je pourrai toujours m’y replonger dans quelques années et le comprendre chaque fois un peu mieux.

Par contre, ce qui me convient moins (et c’est purement personnel), c’est ce format de roman-feuilleton d’une certaine manière. J’imagine que pour l’apprécier complètement, il aurait fallu le lire dans le même esprit que lors de sa première publication, donc quelques chapitres de temps en temps, avec des pauses pour ne pas faire une overdose d’aventures. Parce que presque 1100 pages, ce n’est pas rien, et je ne crois pas que l’histoire gagne à être lue d’une traite. Le problème, c’est que je déteste avoir plusieurs lectures en cours, et si j’en laisse une en suspens je suis quasiment certaine de ne jamais la reprendre. Peut-être qu’à l’avenir, si je m’y penche à nouveau, je piquerai des passages par-ci par-là pour apprécier la plume sans devoir tout avaler en un seul bloc. Mais bon, il n’en reste pas moins que j’ai passé un excellent moment avec ces Pickwick Papers et qu’Oliver Twist et David Copperfield sont désormais dans ma ligne de mire.

Il y aurait une foule de choses à raconter sur ce livre, entre les illustrations récurrentes, toute l’histoire autour de sa parution, ses critiques, etc. mais plutôt que  de paraphraser Wikipedia je préfère t’inviter à te renseigner si le sujet t’intéresse. Par contre, si je suis avare d’anecdotes, je vais être généreuse en musique parce que cette fois je te propose non pas une, mais deux chansons ! Regarde comme tu es gâté.

Parce que oui, je me suis détournée momentanément de Lord Huron le temps de te trouver de la musique (c’est terrible ! J’ai presque recommencé à écouter d’autres groupes, mais ensuite un des deux CDs que j’avais commandés est arrivé dans ma boîte aux lettres, et j’ai découvert des liens entre plusieurs chansons et c’est reparti, ça tourne en boucle. J’en peux plus de ces gens, ils sont beaucoup trop bien), et j’ai constaté qu’il existe une comédie musicale sur Pickwick Papers ! Allez, régale-toi, un tout vieil enregistrement cassette (mais qu’est-ce que j’aime cet accent !).

Et puis, je suis aussi tombée sur un groupe qui s’appelle « Pickwick ». Pour le coup, ça n’a rien à voir avec l’ambiance du livre (et à priori leur nom n’est même pas une référence à Dickens, ils se sont inspirés des studios d’enregistrement Pickwick – qui eux non plus n’ont pas signalé d’hommage particulier à Charlie) mais c’est très très sympathique (encore une fois, c’est de l’indie, mais que veux-tu ! Je les ai trouvés par leur nom, pas leur style, même si je ne vais évidemment pas me plaindre. Quand on me fait des cadeaux pareils sur un plateau d’argent, comment résister?) alors je pose ça là quand même et j’espère que ça te plaira !

24 commentaires sur “Les aventures de Monsieur Pickwick / The Pickwick Papers

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  1. Oh, tiens, un auteur anglais que je n’ai toujours pas lu ! Ca donne très envie de le lire, ta chronique. J’ai une inculture abyssale en ce qui concerne les auteurs anglais (pourquoi on ne nous les fait pas plus lire à l’école, mystère… Ou plutôt, ça sent le favoritisme français), il fera sûrement partie des premiers dans ma liste. (pas forcément ce livre, mais au moins l’auteur)

    Et je confirme, ton livre est magnifique !

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    1. J’aurais aussi aimé en voir plus en classe, mais je dois reconnaître qu’on a fait une pièce d’Oscar Wilde en anglais avant le bac et que la majeure partie de la classe était complètement perdue et ne comprenait pas grand chose. Et en cours de français, c’est quand même dommage de lire des traductions… il faudrait remonter le niveau général d’anglais et proposer des classiques en VO 😉 Mais du coup, si tu veux te lancer, je te conseille aveuglément Oscar Wilde, Dickens, et les soeurs Brontë 🙂

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      1. J’ai déjà lu Les Hauts de Hurlevent et Jane Eyre 😉 (en français par contre) Je pense lire de temps en temps en anglais, mais ce sera très rare. C’est effectivement dommage qu’on vous ait fait lire cette pièce alors que beaucoup n’avaient pas le niveau, ce n’est intéressant pour personne. Et tu as raison, élever le niveau d’anglais est nécessaire – et urgent !

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  2. La jolie librairie de Porto! C’est vrai qu’elle est sublime! C’est un hasard, mais je suis entrain d’écouter la version audio du livre « David Copperfield » de Dickens. C’est aussi le première fois que j’aborde l’auteur. Je vais en avoir pour de nombreuses heures d’écoute vu l’épaisseur du livre, 1000 pages comme le tien…

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    1. Ah sérieux ? Cool !! Et ça te plaît ? 🙂 Comme je dis, je sais pas à quel point mon amour des classiques anglais vient du langage, du coup je me demande ce que ça donne en livre audio (francophone, j’imagine?), c’est là qu’on peut voir si l’histoire est véritablement bien 🙂

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      1. Pour l’instant, j’aime beaucoup. L’histoire était juste un peu longuette à démarrer. Je lis souvent en anglais, des classiques notamment, mais les livres audio (que j’ai découvert il n’y a pas longtemps), c’est une nouvelle façon de lire pour moi quand je suis trop fatiguée ou que je suis en train de marcher. Et comme je n’avais jamais lu Charles Dickens, c’est un façon de le découvrir. Un peu lâche, un peu sans risques, mais il m’arrive de renoncer à mon statut de lectrice intrépide 🙂

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    1. Haha en fait il paie pas de mine, parce qu’il est en format mini alors l’épaisseur est la même qu’un 500 pages habituel, du coup je me suis pas méfiée 😉 Mais effectivement, si tu le lis en format feuilleton je pense que ça ne peut que le mettre en valeur d’avantage 🙂

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  3. Tu t’es détourné de Lord Huron, voyez-vous ça!!! Bon c’est vrai que pour trouver une musique qui colle à l’ambiance de Dickens c’est coton. Cela aurait été marrant d’avoir un léger décalage.

    Pour le livre en question, je n’ai jamais accroché à l’auteur. ET c’est pas avec ce pavé que je vais tenter de relire Dickens. La prochaine fois, je veux bien expérimenter mais avec plus light.

    Merci

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    1. Oh pas longtemps hein ! J’y suis déjà retournée 😉 (Tu sais que dans certains commentaires youtube de leurs vidéos, les gens disent qu’ils sont devenue garde-forestiers grâce à eux ? Ca m’étonnerait même pas que ce soit vrai, je pense que ces gars sont des sorciers). Haha si tu veux du décalage, je pense que la deuxième chanson est pas mal dans son genre x)
      Aïe non effectivement, si tu as déjà de la peine à l’apprécier ne te lance pas dans celui-là 🙂 Quand j’en aurai lu d’autres je te donnerai des nouvelles 😉

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  4. J’ai Romeo et Juliette dans cette édition. Que j’ai pas encore lu d’ailleurs mais je te rejoins, elle est très belle !
    J’avais étudié vite fait Dickens pour mon mémoire, justement parce qu’il faisait des romans feuilleton et que je m’intéressais à l’interaction des lecteurs sur l’oeuvre d’un auteur, dans son cas, les lecteurs ont pu influencer l’histoire via leur réactions dans le journal dans lequel elle était publiée. Bref, depuis je me dis que faudrait que j’en tente un, en vrai. Après, peut-être pas celui-là parce que c’est une brique, faut que je voie s’il en pas fait des plus petiots.
    Kin

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    1. Ah ben oui pour le coup, les romans-feuilleton c’est carrément approprié 🙂 Le plus petit que je connaisse c’est le Conte de Noël il me semble ! Sinon j’ai entendu parler seulement de Oliver Twist et David Copperfield, mais ils sont pas moins gros que Pickwick 😉

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    1. Elle l’est, c’est surtout pour ça que j’ai craqué à la base 🙂 Oui c’est assez différent des autres lectures ! Il faut des rebondissements fréquents, ça c’est agréable, mais par contre il faut se méfier de l’indigestion 😉

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