[Écriture] Petite participation au concours des Millenials

C’est bientôt Pâques, il fait beau (non), c’est le moment d’un article un peu plus récréatif. Et ça tombe bien, parce que j’ai justement ça en stock ! Au début du mois, Andy et Sally du blog The Millenials proposaient un petit concours d’écriture fort sympathique : composer un petit texte, au maximum une nouvelle, autour d’une sélection d’images de leur choix. Je prends rarement le temps d’écrire alors je saute sur ce genre d’occasions, d’autant que les images sont vraiment belles. J’en ai choisi une, j’ai tenté quelque chose, et je serai ravie d’avoir ton retour si tu prends le temps de me lire. Au passage, le délai n’est pas encore passé alors je t’encourage vivement à participer aussi !

La traque

Quel est ce bruit ?

La petite fille ouvrit les yeux, puis les referma subitement, éblouie. Elle ne savait pas où elle se trouvait, mais ses sens se réveillaient un à un. Tout en calmant sa respiration, elle tâcha de récolter les informations qu’elle avait à disposition.

L’odeur des sapins. Elle était donc dans une forêt, manifestement. Bien.

Du froid. L’air, mais aussi le sol. Elle remua ses pieds nus et sentit la neige entre ses orteils. Un vent frais fit bouger ses cheveux fins et elle tira machinalement sa chemise de nuit sur ses jambes qui frissonnaient déjà.

Le goût du sang. Comme lorsqu’on a couru trop vite, trop longtemps. Rien de très impressionnant de ce côté-là, elle s’était habituée aux effets secondaires de ses déplacements. Un sourire malicieux illumina brièvement son visage alors qu’elle repensait à ses premières missions, à peine quelques mois auparavant.

Une lueur blanche. Poussée par la curiosité, elle ouvrit un œil, prudemment cette fois-ci. C’était bien une forêt enneigée, les arbres nus balayés par une forte lumière qui semblait provenir d’une clairière au loin. Elle repéra rapidement les traces de pas dans la neige qui s’éparpillaient dans toutes les directions. Ils étaient donc arrivés avant elle. Cela contrariait ses plans, elle serait forcée de leur courir après, mais là encore ce n’était pas sa première fois. Ce qui la dérangeait plus, c’était la banalité apparente des lieux, ça cachait quelque chose. En temps normal, elle ne s’en serait pas formalisée et aurait compté sur son sens de l’improvisation pour la sauver d’un éventuel imprévu. Mais aujourd’hui, les Maîtres l’observaient. Pas question de jouer les têtes brûlées : il fallait leur prouver qu’elle grandissait et qu’elle prenait leurs remarques en considération. Il serait toujours temps de revenir aux bonnes vieilles méthodes lorsqu’elle ne serait plus le centre de l’attention. Avant de se mettre en mouvement, elle inspecta donc le paysage autour d’elle, puis au-dessus.

Voilà qui est intéressant.

Là où les cimes des arbres auraient dû pointer vers le ciel, elle ne vit ni cimes, ni ciel. A la place, un autre sol, d’autres troncs, d’autres traces dans la neige. Comme un miroir géant, mais qui ne la refléterait pas. Elle se demanda comment fonctionnait la gravité par ici, et si elle pourrait accéder à cette espèce de plafond en escaladant un arbre. Son instinct ne lui avait jamais fait défaut jusqu’à aujourd’hui : si elle voulait les retrouver, il lui faudrait passer par en-haut, elle en était persuadée. Soupir. Pourquoi était-ce à chaque fois si compliqué ?

Elle allait se diriger vers le tronc le plus proche, déjà fière d’imaginer la satisfaction des Maîtres en la voyant réfléchir avant d’agir, lorsqu’un son lui glaça le sang. Le bruit. A nouveau. Plus fort. Plus près. D’un seul coup, les dernières secondes avant son évanouissement lui revinrent en mémoire, son cœur fit un bond dans sa poitrine et elle se mit à courir.