On n’est jamais bizarre sur internet (ou presque)

Felicia Day, 2016

Je te le dis d’emblée, ce livre est une merveilleuse surprise ! Je l’ai acheté dans le cadre des OP Bragelonne (d’ailleurs il est encore disponible ce weekend à 0,99€, profite !) par simple curiosité, et je suis vraiment tombée sous le charme de Felicia Day.

Mais qui est donc cette rouquine qui se permet d’écrire ses « mémoires » à pas encore 40 ans ? Eh bien je peux te dire que Felicia a des choses à raconter. La presse la proclame régulièrement « reine des geeks », tu as pu la voir dans Buffy contre les vampires, Supernatural, ou dans des petits rôles de Dr. House, Dollhouse ou Monk. Mais elle a surtout créé sa propre websérie, The Guild, en partant de trois fois rien.

Elle le dit elle-même, elle est plutôt connue dans un cercle bien précis (tout ce qui touche aux jeux vidéos et à l’univers « geek »), et absolument inconnue pour le reste du monde. Personnellement, je l’avais vue dans Dollhouse (et probablement dans Dr. House) mais j’aurais été bien incapable de dire son nom. Et pourtant, ce livre m’a captivée.

Il faut dire que son parcours est atypique. Elle a été scolarisée à la maison, en passant son enfance sur les tous premiers jeux vidéos, elle a intégré une université en musique et en mathématiques d’où elle est sortie avec tous les éloges, et puis elle a décidé d’être actrice et est partie à Los Angeles (ce qui l’a surtout amenée à tourner dans des publicités, et à passer deux ans d’addiction profonde à World of Warcraft, jusqu’à sortir de tout ça et créer The Guild, une websérie justement centrée sur des joueurs assidus de jeux en ligne).

Le premier point fort de ce récit, c’est l’humour : elle raconte tout avec beaucoup d’autodérision, et elle ponctue son livre de montages Photoshop improbables pour illustrer ses anecdotes. Mais c’est loin d’être l’élément central du livre : au-delà de ce ton léger et très agréable à lire, elle aborde mine de rien une foule de problématiques délicates : comment s’adapter à la société, l’isolement d’un passe-temps insolite et pas considéré comme cool, la place d’une femme dans le monde des jeux vidéos, les dangers de l’addiction, le calvaire de l’écrivain paralysé par la peur de l’échec, les difficultés de gérer une start-up qui grandit trop vite, le harcèlement psychologique sur internet… Tout n’est pas rose, mais tout est dépeint avec beaucoup d’honnêteté et d’énergie, et on sent qu’elle est parfaitement bien placée pour parler de tout ça.

Et puis le message qui ressort de tout ça est tellement feel-good ! Lance-toi, crée, même si tu pars de rien, et n’essaie pas de cacher ta part d’étrangeté parce que c’est en étant entièrement toi-même que tu accompliras des choses épanouissantes. Et c’est exactement ce que Felicia a fait, assumer totalement son âme geek à une époque où ce n’était pas du tout à la mode (et encore moins pour les filles) sans s’inquiéter de l’opinion des gens.

Si tu n’es toujours pas convaincu, j’en rajoute une couche avec la petite vidéo de présentation qu’elle a fait pour les éditions Bragelonne (elle est adorable, non ?).

Je suis très admirative de sa détermination et son côté « self-made woman ». Elle va où elle veut et elle ne laisse personne se mettre en travers de son chemin, et elle est aussi capable de regarder en arrière et tirer des leçons des épreuves qu’elle a franchies et de ses erreurs de parcours. Si tu es à la recherche d’une bonne dose de motivation et d’énergie pour accomplir des projets qui traînent depuis dix ans dans le fond de ton tiroir, lis ce livre absolument ! Quant à moi, je vais de ce pas rattraper les six saisons de The Guild.

Mais d’abord, une petite chanson de fin évidemment ! Je profite de cette ambiance très geek-friendly pour placer le générique de fin du jeu Portal parce que c’est un des premiers jeux qui m’a vraiment marquée et que je connais encore les paroles par coeur.