Semaine à 1000, mini chroniques – 3

C’est déjà la dixième édition de la Semaine à 1000 du Pingouin Vert qui vient tout juste de se terminer, et ce mois-ci j’avais à nouveau plusieurs petites chroniques à te proposer, c’est l’occasion de les rassembler ici.

Michael Rowe – Wild Fell (2016)

J’ai commencé ma semaine avec Wild Fell, que j’avais acheté à l’aveugle dans l’OP Bragelonne. Je n’ai pas du tout l’habitude de lire des histoires de fantômes, j’ai donc peu de points de comparaison, mais je dois dire que j’ai eu beaucoup de plaisir à lire celle-ci.

Le texte est relativement court, je pense qu’il est mieux que je n’essaie même pas de résumer le scénario pour que tu gardes la surprise, mais c’est très bien écrit et plutôt prenant. Après, je ne suis pas morte de trouille : quelques gouttes de sueur au début, et ensuite c’était plutôt une ambiance mystérieuse mais pas effrayante. Mais les personnages sont travaillés et on aborde quelques thématiques vraiment intéressantes que je ne m’attendais pas à trouver dans ce type de roman ! Si tu cherches une lecture d’Halloween en dernière minute, je te la recommande.

Une petite musique d’ambiance ? Bon, ben je n’ai pas dérogé à la règle, quand je lis des trucs potentiellement angoissants, mon cerveau se met en mode « pop des années 80 » pour dédramatiser. C’est pour ça que j’ai eu « Wake me up before you Go-Go » dans la tête pendant toute ma lecture de Ca de Stephen King, et ce coup-ci c’était « Somewhere in my heart » de Aztec Camera. Je ne sais pas quoi dire.

Fiodor Dostoïevski – Humiliés et Offensés (1861)

Je ne sais pas d’où me vient cette manie de lire des classiques pendant la Semaine à 1000, en tout cas le hasard du tirage au sort m’a guidée vers Humiliés et Offensés. C’est la première fois que je lis du Dostoïevski, même si la littérature russe m’attire beaucoup depuis que je suis tombée amoureuse du théâtre de Tchekov. Et c’est une très bonne surprise là aussi !

Tout tourne autour de personnages torturés (quelle surprise !), dans un genre de Roméo et Juliette encore plus déprimant que l’original. On est bien sur deux amants qui veulent s’aimer en paix alors que leurs familles se détestent, sauf qu’on s’attarde pas mal sur le père de la demoiselle, qui ne parvient pas à pardonner à sa fille malgré l’amour qu’il lui porte, le narrateur qui est éperdument amoureux d’elle alors qu’il ne lui inspire que de l’amitié, et la relation du couple qui n’est pas aussi rose et évidente que nos deux tourtereaux de Shakespeare. Ca se lit bien, j’ai beaucoup aimé suivre les états d’âme de tous ces personnages et ça me donne très envie d’attaquer Crime et Châtiment à l’occasion !

Je ne résiste pas à l’envie de te mettre du Tchaïkovski (un roman russe, c’était trop tentant !). J’adore ses ballets, mais la Symphonie Pathétique (la n°6) me semble plus appropriée ici, pour le côté torturé et tragique qui rappelle bien Dostoïevski. Je te mets le dernier mouvement, qui est parfaitement dans le ton.

Fabrice Colin – Vengeance

Un nouveau Fabrice Colin à cocher dans ma liste (le douzième, il me semble !), et il débarque à nouveau dans un genre où je ne l’attendais pas, puisqu’il s’attaque à de l’heroic fantasy très classique.

Le livre est relativement court, là encore je n’ai pas envie de te faire un résumé détaillé parce que tout va plutôt vite. Dans les grandes lignes, on suit la vie de Tirius, qui revient chez lui pour se venger après avoir été trahi par son roi. La plume est plus épurée que d’habitude, mais ça ne m’a pas empêché d’avoir des images mentales très nettes et précises des événements. Je ne pense pas qu’il surprendra les habitués du genre, et j’aurais peut-être apprécié une petite centaine de pages en plus pour prendre le temps de développer l’univers (qui est riche mais peu décrit) mais j’ai quand même passé un très bon moment, je me suis attachée à Tirius et j’ai beaucoup aimé les petites expériences stylistiques que l’auteur s’autorise çà et là. De toute façon, quand il s’agit de Fabrice Colin, je ne suis pas très objective.

Pour la musique, le titre m’a fait penser à la série « Revenge » qui a une très chouette bande originale, alors j’ai farfouillé un peu et j’ai eu envie de te proposer du Kurt Vile. C’est un peu plus doux que le ton du roman mais ça me semble pas mal pour calmer le jeu après cet énorme carnage.

Nancy Huston – Lignes de faille

Une magnifique lecture pour clore ma semaine à 1000, la découverte de Lignes de faille de Nancy Huston. C’est la première fois que je lis cette auteure, et j’ai été complètement envoûtée par sa plume.

Lignes de faille, c’est quatre narrateurs successifs, quatre enfants de six ans qui sont en réalité les parents les uns des autres. En remontant progressivement dans le temps, on suit donc quelques semaines de vie de quatre générations qui se sont succédé, avec les différentes guerres et la vie quotidienne, les peurs et les interrogations.

J’ai vraiment adoré ce livre. On aborde autant la deuxième guerre mondiale en Allemagne que la situation en Israël dans les années 80, avec ce fil rouge des générations qui se suivent et ces différentes voix d’enfants qui n’ont pas complètement conscience de du monde qui les entoure. C’est émouvant, déconcertant, rageant, attendrissant, une très belle tranche de vie toute en nuances et en poésie que je te recommande vivement. Lignes de faille est également devenu une pièce de théâtre, ça m’intéresserait beaucoup de la voir une fois. Je suis ravie d’avoir découvert cette plume, il est fort probable que je lise d’autres romans de Nancy Huston à l’avenir ! Si tu as des conseils, je suis preneuse.

Je ne t’ai encore jamais proposé de Bach, et puisque Nancy Huston a aussi écrit Les variations Goldberg, je profite de te glisser ça tout en douceur, pour conclure ce petit récapitulatif de lectures.