La Théorie des cordes

José Carlos Somoza, 2006

Quel bonheur de retrouver la plume de Somoza, après les énormes coups de cœur qu’ont été Clara et la Pénombre et La Dame n°13 ! J’ai probablement arrêté d’être objective le concernant, mais je suis vraiment ravie d’avoir été une fois de plus emportée par ses talents de narrateur, dans un registre pourtant assez différent de mes premières lectures.

Réunis en secret sur une île, des éminents physiciens et biologistes tentent de percer le mystère de la théorie des cordes et sont sur le point de faire une découverte qui pourrait changer la face du monde. Dix ans plus tard, Elisa Robledo, qui faisait partie de cette expérience, reçoit un appel qui la plonge dans la terreur. Rien n’est terminé, le cauchemar l’a rattrapée…

Avant toute chose, j’aimerais faire un point sur le titre du livre, parce que je ne comprends pas du tout le choix de la traduction. Somoza avait appelé son roman Zigzag, ce qui fait totalement sens quand on connaît l’histoire, et permet de garder une part de mystère sans effrayer le lecteur potentiel qui pourrait redouter de se retrouver avec un traité sur la physique théorique dans les mains. Je tiens donc à te rassurer d’emblée : pas besoin d’avoir fait des études scientifiques pour apprécier ce livre, on est plutôt sur un thriller SF de haute volée.

Ensuite, il me faut saluer l’audace de ce cher José : il s’est lancé dans un domaine encore en construction (je te laisse te renseigner sur la théorie des cordes si ça te rend curieux, mais c’est plutôt costaud), en imaginant des conséquences potentielles et en mêlant le tout à un thriller horrifique en huis clos qu’il te sera difficile de lâcher. Il s’est d’ailleurs appuyé sur l’avis de plusieurs scientifiques avant de publier son livre, pour éviter les aberrations et s’assurer que ses hypothèses soient plausibles.

Le ton du livre est donc assez différent de mes deux précédentes lectures, parce que le choix du sujet laisse moins de place à la poésie. Il est donc parti sur un registre un peu plus froid et droit au but, moins onirique mais tout aussi prenant et efficace. L’histoire se découpe en plusieurs parties qui correspondent aux différents sauts temporels sur les dix années du récit, et le tout avance à un rythme soutenu, faisant monter le suspense sans répit jusqu’à l’explosion finale.

Et cette fin, parlons-en ! Je n’en attendais pas grand chose, j’étais déjà convaincue par la qualité du livre et j’imaginais un développement dans la lignée de The Thing (donc très chouette, mais pas imprévisible), mais j’aurais dû me douter que Somoza avait plus d’un tour dans son sac. Les derniers chapitres sont tout simplement magistraux, je les ai dévorés et chaque page m’apportait de nouvelles révélations, de nouvelles surprises, de nouvelles questions. Je prends le risque de te créer trop d’attentes, mais vraiment je suis terriblement emballée par cette conclusion tout à fait digne du reste de l’histoire.

Alors bien sûr, mon côté scientifique était très enthousiaste et j’ai beaucoup aimé suivre l’histoire d’Elisa, cette jeune physicienne qui tente de se faire une place dans un monde masculin, mais je suis convaincue qu’il n’y a pas besoin d’avoir de grosses affinités avec la matière pour trouver son compte dans cette lecture. C’est prenant, parfois effrayant, souvent surprenant, bref ça retourne agréablement le cerveau et si j’avais encore un doute, je peux désormais classer sans risque Somoza parmi mes écrivains préférés. Vivement les prochains !

Pour conclure cette chronique certes un peu courte, mais largement censurée pour ne pas griller le suspense, je voulais enfin te présenter Grizzly Bear, un groupe que j’apprécie énormément depuis déjà pas mal d’années. Ils ont une musique hypnotique, très travaillée, plutôt unique et fortement reconnaissable, autant d’attributs que je donnerais aussi au travail de Somoza. D’ailleurs, les paroles de « Gun Shy » font un écho assez suprenant à l’histoire de La Théorie des cordes. Alors je te les mets en entier pour que tu t’imprègnes de cette ambiance toute particulière, et j’espère que la chanson te plaira !

The sky keeps staring at me
Frozen in my tracks (Nothing else to see)
And when I move my face left
You’re always standing there (A shadow I can’t see)
And even then I can’t trace
You’re walking away
I put my ears to the ground
Always pushing down (Nothing I can hear)
I found the worst half in me
We’re cut off at the knees (Can’t even take a stand)
Against your words and beliefs
We didn’t wanna freeze
I don’t want to say it all again (the pain, losing my aim)
Never seem to see (And why?)
Do I always feel it all the same
The blisters in my eyes (Recite)
A guide that has only led me stray
And even as I limp (you smile)
The cold keeps tearing at me
Slowing down my blood, (Unable to speak)
I left my mind long ago
Choosing some false (Always letting go)
And when I try to face you
You’re walking away
I don’t want to say it all again (the pain, losing my aim)
Never seem to see
(And why?) Do I always feel it all the same
The blisters in my eyes
(Recite) A guide that has only led me stray
And even as I limp (you smile)

32 commentaires sur “La Théorie des cordes

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  1. Je n’ai pas la théorie des cordes sous le bras mais Somoza depuis la dame numéro 13 que j’ai lu avec toi, je sais que c’est une valeur sûre et tu me donnes envie de lire Clara et Pénombre tout de suite. Ce que je vais faire d’ailleurs.

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  2. Je suis très contente qu’il t’ait plu ! Je l’avais lu quand j’étais à la fin de mon adolescence, je crois. (ça me rajeunit pas, tout ça) J’avais adoré et je crois bien que je l’ai même relu.

    Mon père l’a lu et avait été beaucoup moins emballé par la fin (il m’a dit que ça ne se « terminait pas vraiment », et je comprends ce qu’il a voulu dire) mais il ne peut pas nier qu’il a été emporté lui aussi 😛

    Et je vous confirme ce qu’a dit Maned Wolf pour les sceptiques qui passeraient par là, il n’y a strictement rien à craindre concernant la physique : je suis une bille sur le sujet, et probablement plus que vous, et à aucun moment je ne me suis sentie à la ramasse. Ne vous fiez vraiment pas à ça !

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    1. Ouiii c’était une lecture assez incroyable 😊😊 ah oui, je comprends ce que ton père a voulu dire, mais y a tellement d’événements dingues à la suite que ça ne m’a pas dérangée 🙂
      Exactement, merci d’appuyer mon point de vue 😀 Zigzag, c’était clairement un meilleur titre.

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  3. Maiiis! En effet, la théorie des cordes ça fait peur à la fille qui a arrêté la physique en seconde parce qu’elle était nuuuulle ! x)
    Du coup heureusement que tu rétablis cette injustice !
    Et merci hein, parce que du coup j’ai carrément envie de le lire, et de découvrir cet auteur que je ne connaissais pas mais qui a l’air carrément cool ! =)

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    1. Ahhh mais alors ma mission est accomplie, me voilà ravie 😀 T’as qu’à te dire que le roman s’appelle Zigzag hein, c’est bien plus approprié x)
      (et t’inquiète, je pige rien en physique non plus huhu)
      Somoza c’est d’une puissance, mammamia. Je sais pas lequel te conseiller entre les trois que j’ai lus, ils sont tous un peu dingues 🙂

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    1. Aucune idée pour le dernier… En tout cas, entre les trois que j’ai lus (la théorie des cordes, Clara et la pénombre et la Dame n°13), si un des résumés t’inspire je pense que tu ne peux que bien tomber 🙂

      J’aime

  4. Ah Somoza ! C’est peut-être le seul, avec « La Caverne des idées », que j’ai énormément aimé. C’est intriguant au possible, c’est inventif et c’est toujours tordu. Par contre j’ai essayé de lire « L’appat », j’ai abandonné et j’ai été très moyennent convaincue par « La clé de l’abîme ».
    Et pourtant malgré, j’ai envie de m’y remettre… Le paradoxe Samoza ^^

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    1. Je n’ai tenté ni « l’appat » ni « la clé de l’abîme », pour l’instant, mais je trouve sa plume assez hypnotique alors je peux comprendre que tu aies quand même envie de retenter ! Si tu aimes le tordu et l’inventif, essaie les deux autres que je cite, Clara et la pénombre et La Dame n°13, je fais que de les conseiller mais ils m’ont vraiment marquée 🙂

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