Hamlet / Nutshell

Tu le sais peut-être déjà, avec l’amie Mimine on est parties à l’assaut de Notre-Dame de Paris il y a quelques semaines. Et comme on en est ressorties toutes enthousiasmées, on s’est dit qu’on était prêtes pour d’autres classiques intimidants, et c’est donc avec beaucoup d’entrain qu’on est parties découvrir Hamlet. Et puis au passage, ça me donne l’occasion de te te parler de Nutshell, un genre de réécriture d’Hamlet bien sympathique. Pour lire la chronique de Mimine, c’est par ici !

William Shakespeare – Hamlet (1603)

Pour te mettre dans le contexte, j’ai décidé de lire la version originale, (dans la langue de Shakespeare comme on dit, qu’est-ce qu’on se marre) en ayant aucune, mais alors aucune idée de l’histoire. Enfin, j’avais vu Le Roi Lion, parce que oui, c’est une adaptation, et j’avais lu Nutshell il y a quelques mois mais sans savoir ce qui se rattachait ou non à l’histoire de base..

Alors le pitch justement : le roi est mort, et sa femme n’a pas tardé à se remarier avec le frère du roi, un certain Claudius. Le fils du roi, Hamlet, n’arrive pas à accepter cette union et le fantôme de son père vient lui rendre visite pour lui révéler la vérité : Claudius l’a assassiné, et il attend de Hamlet qu’il venge sa mort. Hamlet décide alors de se faire passer pour fou avant de pouvoir passer à l’acte.

(Et là tu te dis que Le Roi Lion est quand même une adaptation un peu light, parce que, dans mes souvenirs, la maman de Simba ne fricote pas avec Scar et Simba reste à peu près sain d’esprit. Enfin, c’est peut-être pas plus mal. Et puis c’est quoi ce plan, d’abord ? Devenir fou ? Oui, mais encore ?)

Pour tout te dire, je n’ai pas vraiment réussi à entrer dans l’ambiance et je n’ai pas été transportée par cette lecture. J’avoue qu’il a d’abord fallu s’habituer à la langue, et à tout ce vocabulaire inventé par Shakespeare (le nombre de mots qui sont depuis passés dans le langage courant est quand même pas mal impressionnant). Par contre, une fois qu’on prend le rythme, qu’est-ce que c’est beau, cette plume ! (Oui okay, le monde ne m’a pas attendue pour affirmer que Shakespeare écrivait bien. Mais j’ai quand même le droit de confirmer). Mais même en savourant les phrases, l’histoire m’a laissée un peu indifférente et j’ai trouvé quelques longueurs. Ca m’étonnait pas mal, d’autant que c’est une oeuvre vraiment célèbre, mais Mimine ressentait un peu la même chose et on a fini par mettre le doigt sur le problème : c’est un texte qui vaut vraiment la peine d’être joué.

On le dit souvent hein, le théâtre n’est pas fait pour être lu. Je dirais que quand la pièce comporte un scénario construit et des retournements de situation, on peut tout à fait prendre du plaisir à la lire. Mais Hamlet joue sur un autre registre : ici, on est dans l’introspection, dans la philosophie, dans l’ambiance, et sur ce plan-là, on sent qu’elle est écrite pour la scène, et que les émotions passeront bien mieux à travers des comédiens.

Et là, je pense que ça peut devenir vraiment fantastique. Parce que de la matière, il y en a ! On a d’un côté un Hamlet torturé, dont on ne sait pas vraiment s’il joue la folie ou s’il perd réellement pied, de l’autre Claudius qui fait des manigances abominables mais n’est pas pour autant complètement détestable, toujours ce mélange comique bien caractéristique de Shakespeare et qui nous tombe dessus quand on ne l’attend pas, du drame bien costaud pour contrebalancer la farce, des morts absurdes, des morts théâtrales, bref tout pour sortir remué, retourné, chahuté et terriblement emballé.

Je n’ai pas encore eu l’occasion d’assister à ce spectacle, mais ce qui me permet d’affirmer tout ça tient en quelques minutes : il m’a suffi de voir ce cher Benedict Cumberbatch interpréter le monologue le plus fameux de la pièce pour effacer tous mes doutes. Savoure plutôt :

Bref, si je ne suis pas totalement convaincue de la version livre de chevet, je suis déjà certaine que la pièce vaut vraiment la peine d’être vue sur scène (pour autant que le casting soit à la hauteur, comme d’habitude). C’est du Shakespeare très reconnaissable, avec tout ce qu’on aime chez lui, et j’ai vraiment hâte d’assister à ça si j’en ai l’occasion un jour.

Ian McEwan – Dans une coque de noix / Nutshell (2016)

Si je n’ai pas été emballée par la version écrite de Hamlet, c’est une histoire qui a inspiré des dizaines d’auteurs et de réalisateurs, et les adaptations ne manquent pas. C’est Nutshell que j’ai eu entre les mains, et je dois dire que si ça touche à l’exercice de style, cette lecture n’en est pas moins divertissante et très intéressante.

Tiens-toi bien, le narrateur de Dans une coque de noix est un fœtus. Déjà bien éveillé au monde extérieur, et avec des pensées ma foi très développées pour son âge, il va rapidement découvrir que sa mère et le frère de son père (qui s’appelle Claude, quelle coïncidence) sont amants, et qu’ils sont en train de préparer ensemble l’assassinat dudit père. Sauf que ce cher embryon n’a pas du tout envie de voir ce plan se réaliser, et qu’il est à premier abord bien impuissant…

Ce livre est un petit OVNI que j’ai savouré comme un bonbon (oui, les deux métaphores mises ensemble sont plutôt troublantes). Déroutant, très ironique, je ne suis pas certaine que tout le monde peut adhérer à cette narration atypique et à ce bébé déjà bien blasé et plutôt snob. Mais si on entre dans le délire, c’est vraiment très, très sympa à découvrir. Je l’ai lu sans savoir qu’il réécrivait Hamlet, et j’ai assez envie de le relire une fois que j’aurai eu l’occasion de voir la pièce, pour l’aborder avec un regard différent.

En tout cas, au niveau des parallèles, il y a de quoi faire : on peut partir sur l’impuissance de Hamlet qui ne se décide pas à agir, qui est ici figurée au premier degré puisque le héros est coincé dans le ventre de sa mère, on peut s’attarder sur l’écriture des personnages et la dynamique qui les relie, je ne m’y aventurerai pas sans l’avoir relu. Et de toute façon, je ne veux pas m’étaler beaucoup plus parce qu’il fait partie de ces livres si particuliers qu’on n’a pas intérêt à trop en dire, mais je trouve la proposition de base franchement audacieuse et exécutée avec panache. Et je trouve toujours très intéressant de pouvoir relire une oeuvre classique avec un angle neuf, donc rien que pour ça je te le recommande !

Et puis enfin, je conclus cette double chronique sur du Electric Light Orchestra, avec la chanson « Mister Kingdom », déjà parce que c’est très très chouette, et aussi parce qu’ils citent un bout du monologue to be or not to be (que Cumberbatch joue plus haut, la boucle est bouclée) !

Oh, to sleep, perchance to dream,
To live again those joyous scenes.

18 commentaires sur “Hamlet / Nutshell

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  1. Okay donc résumons :

    1/ Faut vraiment que je trouve la version sous titrée de la pièce avec Cumberbatch (quand je pense que j’étais à Londres quand il jouait au Barbican Centre et que je n’ai pas pu y aller…T_T je pleure encore 3 ans plus tard)
    2/ Faut vraiment que je me procure ce Nutshell, déjà parce que je voudrais lire un autre roman de McEwan et puis pour le parallèle avec Hamlet.
    3/ on est d’accord que le plan d’Hamlet est nuuuuuuuuuuul xD

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    1. Puis-je me permettre d’en remettre une couche ?
      1- Utiliser Benny pour promouvoir Will, ahahah que c’est fourbe, ça vendrait des lunettes de vue à un aveugle.
      2- Vous savez qu’Andrew a aussi repris le rôle récemment, que ça été diffusé sur BBC 2 et qu’il est carrément flippant ?:p

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    2. Je trouve que c’est un excellent résumé 😀
      Arh, je compatis ! Ça me scierait en deux aussi…
      Oui, je me réjouis de voir ce que tu penses de Nutshell, c’est très déroutant mais sacrément malin ^^
      Haha tellement. T’attends une suite et… Non, c’est ça le plan. Ah okay.

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  2. J’adore Hamlet, qui est en fait une pièce très drôle. J’en ai vu de multiples versions à une époque lointaine où j’écrivais des critiques de théâtre. Ma préférée avait été une version moderne montée par Philippe Adrien en 1996, avec Sculi Delpeyrat dans le rôle titre. C’était à hurler de rire tout en restant dramatique. Ici Benedict Cumberbatch le joue de manière très sérieuse. Il fallait voir Sculy Delpeyrat s’écrier devant une Ophélie transie « Mais va au couvent ! ». Savoureux.
    Il y a eu aussi eu le film Hamlet 2000 de Michael Almereyda avec Ethan Hawke que j’avais trouvé très bien et assez déroutante comme réécriture.

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    1. Je me réjouis de voir cette pièce sur scène, elle a un sacré potentiel ! Hahah je m’imagine la scène 😀 l’avantage avec le peu de didascalies, c’est qu’on peut vraiment l’interpréter d’un tas de façons différentes !
      J’ai entendu parler de ce film, je le regarderai ! Merci pour les conseils 🙂

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  3. Pour ma part je connaissais vaguement l’histoire par les Simpsons, qui y consacre un épisode, et vues vos chroniques, je pense que je vais en rester là ^^. (En tout cas merci, je ne savais pas que le plan d’Hamlet était de se faire passer pour fou, je pensais qu’il allait « bêtement » se venger. Je me coucherai donc moins bête ce soir.)

    Par contre, il y avait un ‘tit film sympathique, avec l’histoire d’un prof de littérature qui enseigne Hamlet à des élèves d’une école militaire : https://www.seriebox.com/cine/operation-shakespeare.html Le scénario ne casse pas trois pattes à un canard, mais je trouve ce film chouette.

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    1. Haha ils jouent sur tous les terrains, les Simpson, ça m’intéresserait de voir cet épisode ^^
      (en même temps son plan c’est de « bêtement » se faire passer pour fou, y a pas beaucoup d’autres étapes haha)
      Ouh, ça me dit quelque chose mais je suis assez sûre de ne pas l’avoir vu, faudra que je tente 😀

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  4. J’ai lu Hamlet il y a pas longtemps mais je suis restée un peu sidérée par ma déception, à force de trop parler de Shakespeare je me suis dis que toutes ses pièces seraient fabuleuses. Au final j’ai eu peine à rentrer dans la pièce, moi qui adore les styles lyriques et poétiques j’ai fais du sur place pendant toute ma lecture. Et j’étais persuadée qu’Hamlet devenait fou et qu’il ne jouait pas un rôle : o

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    1. Ah ben finalement on a un peu le même ressenti ^^ je crois que le texte offre trop de libertés à l’écrit, donc c’est génial comme matière première pour monter une pièce mais comme lecteur cest un peu froid… Sur scène, ça risque d’être bien mieux !

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  5. J’aime vraiment beaucoup cette idée de présenter un classique puis une version « revisitée » de celui-ci ! Parfois ça peut faire un peu peur, et commencer par une « réécriture » peut peut être permettre d’aborder l’histoire avec moins de « pression » !
    (et oui ce commentaire est sponsorisé par les guillemets!^^)
    Sinon j’ai beaucoup aimé ton analyse et avec Mimine vous me donnez envie de reprendre la lecture de classique alors merci ♥

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    1. Haha oui je vois ce que tu veux dire ! Sauf que quand j’ai lu Nutshell je ne savais pas que c’était une réécriture et du coup quand je l’ai su j’avais l’impression de m’être auto-spoilée l’original haha (finalement, pas tant que ça)
      Oh mais c’est tellement cool !! Si tu veux te joindre à nous une fois c’est avec grand plaisir ^^ le prochain c’est les Misérables à priori ^^

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