L’étoile de Pandore (saga)

Peter F. Hamilton, 2004

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Peter F. Hamilton a été mon premier contact avec le space opera : il y a environ une année, mon lutin préféré m’avait chaudement recommandé Dragon déchu et j’étais ressortie de cette lecture émerveillée par la complexité et l’immensité de l’univers mis en place, la quantité d’informations disséminées ça et là sans polluer le rythme de lecture et l’aspect épique de tout ce projet. Suite à cet enthousiasme, nous nous sommes donc lancées dans une lecture commune de sa fameuse saga du Commonwealth, qui nous a occupée quasiment six mois à travers ses quatre tomes.

Plutôt qu’un résumé, je vais tâcher de poser les grandes lignes du cadre, pour te donner une idée générale sans partir dans des explications qui seraient de toute façon incomplètes. Le Commonwealth, c’est un ensemble de planètes reliées par des trous de verre et étalées à travers la galaxie. Ces planètes ont été colonisées par les humains, qui ont en outre découvert un moyen de rajeunir les gens et de sauvegarder leur mémoire. Ces deux procédés combinés ont changé drastiquement le rapport à la mort, la notion du temps et les enjeux humains.

L’histoire de cette saga démarre réellement avec la découverte d’une étoile qui aurait subitement disparu derrière un genre de champ de force incroyablement puissant. Identifiant ce phénomène comme un danger potentiel pour les humains (qui est capable de déployer un champ de force pareil ? Est-ce l’étoile qui se protège d’une menace extérieure, ou est-ce que quelqu’un d’autre essaie d’isoler cette étoile ?), les chercheurs développent un vaisseau capable de parcourir le long trajet qui les sépare de l’étoile en question.

Dans ce contexte dépaysant et extrêmement fouillé, tu pourras suivre un nombre de personnages un peu étourdissant. Je ne peux pas t’en faire une liste exhaustive, car une des forces d’Hamilton est justement la quantité de trames narratives qu’il est capable d’articuler sans qu’on se perde (et je n’aurais aucun intérêt à tout te dévoiler), mais il y en a vraiment pour tous les goûts. Dans les personnages les plus récurrents, on a bien sûr Paula Myo, génétiquement modifiée pour avoir un respect total de la loi et qui se lance sans répit à la poursuite de ceux qui ont tenté de trafiquer la mission de reconnaissance vers cette fameuse étoile. On a aussi Ozzie, le co-inventeur des trous de vers qui part sur les traces des silfens (des extra-terrestres bien mystérieux qui pourraient détenir un savoir précieux), Mellanie la jeune femme fatale qui gravit les échelons et sera étroitement liée à une intelligence artificielle, Nigel Sheldon (l’autre co-inventeur des trous de vers), génie de la physique et un des hommes les plus riches du Commonwealth, et une bonne vingtaine d’autres personnages qui vont, viennent, influencent ou disparaissent. On notera que les femmes sont bien représentées, avec des héroïnes indépendantes et débrouillardes, c’est toujours agréable.

Je n’ose pas entrer dans le détail pour te laisser découvrir cet univers par toi-même, mais je rajouterai quand même que le danger dont je te parlais plus haut (et qu’on apprendra à connaître au fil des tomes) est absolument passionnant. Je suis toujours admirative lorsqu’un auteur parvient à créer une forme de vie totalement différente de la nôtre, avec sa logique propre et qui nous échappe un peu, et ici c’est spécialement bien réussi selon moi. Globalement, les passages qui m’ont le plus passionnée concernaient soit ce danger, soit le voyage d’Ozzie sur la piste des silfens (même si au bout d’un moment, ça commence à traîner en longueur. Mais ça en vaut la peine) : le reste m’intéressait aussi bien sûr, mais je me réjouissais tout particulièrement de retrouver ces deux trames narratives.

Au niveau des thèmes abordés, là aussi la liste est longue. Pour te donner l’eau à la bouche, sache qu’on y parle par exemple des différentes vies extra-terrestres qu’on croise sur les quatre tomes (et donc évidemment la place de l’humain là au milieu), des enjeux politiques qui peuvent s’installer lorsqu’on étend un empire sur plusieurs planètes (et les décisions à grande échelle qui en résultent), du mystère de cette étoile cachée derrière son champ de force (ce qu’elle contient, d’où vient la menace, …), de l’évolution des mœurs sur plusieurs siècles, de l’immortalité et ce qu’elle implique, du système social mis en place à travers plusieurs planètes, et bien sûr à une échelle plus petite des relations humaines à travers les rapports entre les différents personnages.

L’écriture de Hamilton est fluide, elle permet de tempérer la densité des informations qu’on reçoit. Le rythme de narration est un peu inégal, certains tomes sont plus dynamiques alors que d’autres se concentrent plus sur l’aspect politique et la mise en place des mesures pour contrer cette fameuse menace extérieure. Globalement, j’ai pris du plaisir à lire chacun des tomes et je conseille de les enchaîner sans laisser passer trop de temps entre deux livres, pour que les éléments de l’intrigue et les différents personnages restent frais dans ta mémoire.

Au final, c’est passionnant. Alors oui, parfois on risque de se perdre un peu, surtout si on n’est pas un habitué de science-fiction et de space opera, mais j’aurais tendance à dire que Hamilton est une bonne porte d’entrée dans ce genre, puisqu’il est très fort pour construire des mondes incroyablement précis sans noyer le lecteur sous les détails techniques. Personnellement, je suis fascinée par cette capacité à nous tenir en haleine avec autant de personnages et d’intrigues, à mélanger les trames de manière très maligne pour ménager le suspense et nous faire comprendre les enjeux de part et d’autre de cet univers immense. Je suis encore novice dans le space opera, mais c’est un genre qui me plaît de plus en plus pour la sensation de grandeur absolument fascinante qu’il provoque, les forces colossales qu’on met en mouvement sur plusieurs siècles et les moyens déployés pour contrer des menaces qu’on ne peut même pas se représenter… C’est étourdissant, et j’en redemande.

Pour avoir un avis bien plus complet et détaillé que le mien, je t’encourage à aller rendre visite à mon cher lutin (tome 1, tome 2, tome 3 et tome 4), qui m’a accompagnée tout au long de ces tomes pour mon plus grand plaisir. Petit mot en passant : je me suis perdue dans la terminologie, certaines éditions regroupent toute la saga en deux tomes, L’étoile de Pandore ferait donc référence au premier et le tout s’appellerait La saga du Commonwealth, mais la version de Milady que je possède indique L’étoile de Pandore en bas des quatre volumes et d’autres sagas de Hamilton se déroulent aussi dans le Commonwealth, donc j’ai fini par trancher et choisir le titre de mon édition. D’ailleurs, le lutin et moi, on remet ça en septembre puisqu’on attaquera La trilogie du vide, qui se déroule plusieurs centaines d’années après cette saga !

Pour la musique, je suis tombée sur les Cocteau Twins qui, d’après Wikipedia, « est un groupe de heavenly voices écossais de tendance post-punk, pionnier de la dream pop, très proche du rock gothic ». Tout un programme, donc, mais au-delà de ces dénominations obscures, je trouve ce morceau très agréable à écouter : un peu planant, complexe, bourré d’informations tout en restant lisible (et puis, bien sûr, il s’appelle « Pandora »)… Forcément, je trouve ça approprié.

9 commentaires sur “L’étoile de Pandore (saga)

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  1. Très bonne critique, bravo. Je suis toujours ravi de voir de nouveaux convertis à Peter Hamilton ou au (New) Space Opera.

    Concernant la terminologie, c’est simple : il y a un meta-cycle / univers commun, le Commonwealth : ce meta-cycle comprend La saga du Commonwealth (ce que tu viens de lire et de chroniquer) que, personnellement, j’appelle le cycle de Pandore (c’est plus parlant) ; ensuite, dans le même univers, reprenant certains personnages et plus d’un millénaire plus tard (de mémoire), tu as la Trilogie du Vide, qui est elle-même suivie par le diptyque Les naufragés du Commonwealth (qui reprend lui aussi des personnages du cycle de Pandore).

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    1. Merci beaucoup Apophis ! J’ai hâte d’entamer la trilogie du vide 🙂
      Je comptais un peu sur toi pour les éclaircissements, un grand merci d’avoir remis de l’ordre dans ce bazar 😉 Finalement, c’est le titre de la version de Milady qui m’a embrouillée !

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  2. Je n’ai jamais lu de space opera… Et je t’avoue que je n’aurais pas su vers quoi me diriger pour découvrir le genre, donc ton article tombe bien ! (et si t’as aimé, ça fait un argument en plus) En plus, l’histoire me plaît bien pour le peu que tu en dévoiles (une étoile qui disparaît mystérieusement ? Je veux savoir !). Je dois avouer que j’aime bien les titres des tomes aussi, aha.

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  3. Eh beh je n’ai jamais lu de romans du genre space opera, parce que j’ai toujours peur de me paumer, que ce soit trop compliqué pour moi^^
    Du coup, je retiens Peter Hamilton et surtout je garde ton article sous le coude, parce que tu m’as beaucoup intriguée ^^

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  4. Pour moi, il s’agit du Cycle L’étoile de Pandore. La saga du Commonwealth incluant la trilogie du vide et les naufragés. Donc, je partage le commentaire de notre ami Apo.

    Autrement tu sais parfaitement que nous avons apprécié tout autant cette aventure et cette épopée galactique.
    Le talent de Hamilton pour faire passer autant de trames narratives de façon tout à fait digeste est effectivement à souligner, tout comme son animation de la bonne vingtaine de peronnages récurents et principaux!

    Belle chronique!

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    1. Merci pour cette précision ! 🙂
      Oui, je suis ravie d’avoir découvert cette épopée avec toi et je suis tout aussi impressionnée par ses talents de conteur 🙂 C’est loin d’être simple de pouvoir rendre vivants autant de personnages, et c’est évidemment une force de ces livres !

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