[Sélection] Quatre nouvelles parutions au rayon BD

Il est rare que je présente des BDs ici, pour la bonne raison que j’en achète très peu. Mais ces dernières semaines, un envoi très généreux de mon contact chez Dargaud (un immense merci !) et le Salon du Livre de Genève m’ont permis de bousculer mes habitudes et me plonger dans quelques bandes dessinées fraîchement sorties. De belles surprises, je te le dis d’emblée !

La princesse de Clèves

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Un classique de la littérature française que je n’avais pas encore lu. Je ne savais pas si c’était une bonne idée de le découvrir au format BD ou si j’avais intérêt à d’abord me plonger dans la version originale, mais finalement je me suis dit que ce serait un bon moyen de voir si l’adaptation fonctionnait pour ceux qui n’ont pas le contexte.

Les illustrations de Catel et Claire Bouilhac sont très belles, avec des traits ronds et doux qui collent bien à l’ambiance de l’histoire. Les décors manquent parfois de panache étant donné le luxe attendu de ces grands châteaux, mais ça ne m’a pas dérangée outre mesure. Quant au scénario en lui-même, j’avoue qu’il m’a captivée ! J’ai lu cette BD quasiment d’une seule traite, et je me suis laissée emporter par ces intrigues de cour, ces quiproquos et ces grandes romances à l’ancienne.

On pourrait penser que l’histoire va un peu vite, mais je me suis contentée d’adapter mon rythme de lecture pour bien m’imprégner de chaque rebondissement, et je n’ai donc pas été frustrée le moins du monde : la fin m’a émue, j’en ai encore un souvenir très vif, c’est donc une belle réussite à mon avis !

Nymphéas noirs

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Je ne peux pas dire que j’adore la plume de Michel Bussi. J’ai déjà lu Un avion sans elle, qui m’a laissé un souvenir mitigé, et je n’avais pas forcément prévu de retenter l’expérience. Mais il se trouve qu’un de ses plus gros succès, Nymphéas noirs, vient d’être adapté en BD : c’était l’occasion de découvrir un autre de ses scénarios sans cette plume à laquelle je n’adhère pas, et avec des dessins qui m’ont charmée instantanément… Et je suis bien contente d’avoir tenté le coup !

Nymphéas noirs s’articule autour de trois femmes qui vivent à Giverny (là où a vécu Claude Monet). Un meurtre amène la police dans ces jardins mythiques, et les histoires s’entrecroisent jusqu’au dénouement. Il faut savoir que ce roman était apparemment « réputé inadaptable en BD », ce qui aurait donné envie à Michel Bussi de tenter le diable.

Le résultat est vraiment malin : les angles de vue sont choisis avec soin, j’ai vraiment aimé le choix des couleurs et l’ambiance toute particulière des dessins de Cassegrain. L’histoire est probablement resserrée par rapport au roman, mais je n’ai eu aucun mal à suivre et je n’ai pas eu l’impression que tout allait trop vite. Le scénario est parfois un peu tiré par les cheveux, mais si je dois me prononcer uniquement sur la collaboration entre Cassegrain et Duval, il faut reconnaître qu’ils ont fait un très beau travail d’adaptation, autant dans les textes que dans les illustrations.

Une histoire de France T1

Changement d’ambiance, puisqu’on est ici sur un scénario original, sur l’initiative du philosophe Michel Onfray, rédigé par Thomas Kotlarek et illustré par Jef. L’idée s’ancre dans une démarche historique forte, puisqu’on cherche à expliquer la situation actuelle en France (terrorisme, gilets jaunes, état d’urgence permanent) par les événements survenus dans le passé, comme continuité de mouvements qui durent depuis des décennies.

L’interview de Michel Onfray en début de volume est passionnante : elle nous plonge tout de suite dans l’intention de cette saga en cinq tomes, et pose des questions essentielles. L’important, selon Onfray, n’est pas de déterminer si ces actes terroristes sont bons ou mauvais, mais d’en comprendre l’origine. Et c’est en partant de ce postulat qu’on plonge dans l’histoire de Romain Vichère, un jeune homme en garde-à-vue pour soupçons d’acte terroriste. En préparant sa défense, son avocat plonge dans l’histoire de sa famille, de ses parents et de ses grands-parents, et nous ramène jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale dans une rétrospective de la violence et des révoltes populaires qui offre un nouveau regard sur la situation actuelle.

J’ai hâte de voir sortir le deuxième tome, tant j’ai dévoré celui-ci. On y découvre le passé des grands-parents, le rythme est soutenu et j’ai appris beaucoup de choses. On sent bien l’effort déployé pour nous livrer un récit historique qui fasse du sens et respecte la réalité, et je pense que le scénario va monter en puissance au fil des volumes. Le dessin est plus classique, mais bien accordé avec le ton sérieux de l’histoire, bref une franche réussite qui mérite d’être connue !

Le patient

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Et on termine avec la dernière parution de Thimothé le Boucher, dont j’avais déjà entendu parler pour Ces jours qui disparaissent. J’ai été attirée par le dessin, par le choix des couleurs et par le fait qu’il s’agisse d’un tome unique (la longueur des sagas est souvent ce qui me rebute lorsque j’ai envie de lire une BD). L’histoire était également prometteuse, avec un jeune garçon qui tente de se reconstruire après le massacre de sa famille par sa sœur…

J’ai énormément aimé la première moitié du récit : très onirique, mystérieuse, on se surprend à soupçonner tout le monde et à douter de ce qu’on nous montre. Les personnages sont fouillés, on suit plusieurs petites intrigues parallèles qui rajoutent de l’épaisseur à l’ensemble et les illustrations sont pensées avec beaucoup d’intelligence pour suggérer, créer l’effet de surprise et entraîner le lecteur sur de fausses pistes.

La seconde partie m’a moins plu, car on bascule brusquement dans un discours plus linéaire, moins ambigu, et je n’y étais pas préparée. La fin ne manque pas de panache et j’ai globalement été absorbée par ma lecture, mais je regrette un peu ce changement de ton qui a rendu le tout un peu trop terre-à-terre. Il n’en reste pas moins que c’est une BD soignée, originale et audacieuse, et j’ai très envie de lire Ces jours qui disparaissent pour retrouver la patte envoûtante de ce jeune auteur !

12 commentaires sur “[Sélection] Quatre nouvelles parutions au rayon BD

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  1. Aha, j’ai bien reconnu le style de Catel pour « La princesse de Clèves » ! Il a participé à la BD sur Olympe de Gouges que j’ai lu. Je ne pense pas que le style de dessin pourrait plaire à tout le monde, il ne m’a d’ailleurs pas conquis plus que ça, mais je trouvais la BD très bien construite et réaliste. « La princesse de Clèves » étant une fiction, je me demande comment c’est géré !

    J’ai toujours très peur des adaptations… Heureusement qu’on te les a envoyé 😛

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    1. Pas lu Olympe de Gouges, je jetterai un oeil ! 🙂 Alors pour préciser, Catel s’est chargée d’une partie des illustrations (qui montrent Madame de Lafayette), et Bouilhac a dessiné l’histoire de la princesse de Clèves. Le mélange des deux styles fonctionne bien !
      C’est très rare que je lise des adaptations en BD, jusqu’ici je suis très bien tombée 🙂

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  2. Quatre BD complètement différentes dis donc ! Mais qui ont toutes l’air vraiment chouette !
    J’ai un souvenir mitigé de la Princesse de Clèves que j’avais lu au lycée (déjà à cause du côté lecture obligatoire je pense) avec une première partie hyyyypeeer longue et une deuxième beaucoup intéressante et dynamique ! Je serais donc curieuse de découvrir l’adaptation en BD !
    Le patient a l’air hyper fort et du coup il me fait un peu peur x)
    Des bisous ! ♥♥♥♥

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    1. Ah ben pour le coup l’adaptation peut aider je pense, je n’ai pas trouvé que c’était spécialement long 🙂 Après vu le style de la plume et l’obligation de le lire, je peux comprendre que ça l’a pas fait à l’époque !
      Haha il est très sombre oui, mais très intéressant !
      Plein de bises ❤

      Aimé par 1 personne

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