[#PLIB2019] Le dieu oiseau

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Aurélie Wellenstein, 2018

ISBN:9782367405827

C’est grâce au PLIB que j’ai découvert la plume d’Aurélie Wellenstein, qui commence à faire bien parler d’elle dans la sphère SFFF francophone. La couverture m’attirait beaucoup (il faut dire que toutes les couvertures des finalistes du PLIB sont superbes cette année !), le résumé aussi, et c’est donc avec une grande curiosité que j’ai attaqué ce troisième finaliste.

Tous les dix ans, les clans s’affrontent pour prendre le pouvoir. Des champions sont élus pour participer à la compétition de l’homme-oiseau, une tradition qui se finit immanquablement dans le sang et la violence la plus pure. Faolan, qui vit en esclave depuis que son clan a perdu le dernier tournoi, y voit sa chance d’inverser les rôles et de venger sa famille, et c’est dans cette optique qu’il s’entraîne en secret : n’ayant plus rien à perdre, il sait qu’il n’y aura que deux scénarios possibles, la victoire ou la mort.

Que dire de ce roman ! Je l’ai lu à Noël, il m’a fallu prendre du recul avant d’en écrire la chronique et j’ai encore bien du mal à trouver les mots. J’ai pu voir avec les retours des autres jurés que c’est un roman qui divise beaucoup et je comprends tout à fait pourquoi, son propos n’est vraiment pas tout public et ne laisse pas indifférent.

Parce que Le dieu oiseau, c’est avant tout un livre qui montre l’homme dans toute sa bestialité et sa cruauté primitive. Chacun des personnages vit des horreurs, et en fait subir aux autres, ce qui peut rendre la lecture très laborieuse pour ceux qui ont besoin de s’identifier et s’attacher aux protagonistes. Faolan, par exemple, m’a posé quelques problèmes de conscience : j’ai ressenti de l’empathie pour lui, j’ai partagé sa souffrance pendant la première partie du récit, devant les sévices physiques et surtout moraux que lui fait subir son maître, et je me suis retrouvée très embêtée lorsqu’il devient lui-même violent et cruel parce que je n’arrivais plus à choisir un camp. Le fait de comprendre d’où il vient n’excuse pas ses actes, mais permet peut-être de les inscrire dans une logique qui fait du sens, et j’ai longtemps voulu croire qu’il allait « guérir » pour, quelque part, soulager ma propre conscience et m’autoriser à cautionner sa rage et son état mental. Bref, ce personnage m’a poussée dans mes retranchements, mais d’une manière qui m’a vraiment plu et captivée.

Car oui, si j’ai continué ma lecture malgré cette atmosphère étouffante et ces personnages déchirants, et si je l’ai même fait avec grand plaisir, c’est parce qu’Aurélie Wellenstein a un talent certain pour la narration. Les pages se dévoraient sans effort, marquées par un rythme soutenu et une ambiance aztéco-zeldaesque extrêmement immersive, et j’étais par-dessus tout fascinée par l’évolution de Faolan, que l’on suit en focalisation interne et qui sombre progressivement dans la folie.

Pour avoir échangé avec d’autres gens pendant et après ma lecture, je pense qu’il faut toutefois te mettre au parfum avant que tu le démarres, pour que le voyage se passe bien : ceux qui sont entrés dans l’histoire en espérant un roman d’aventure à la Hunger Games avec du suspense, de l’action et un final explosif ont été un peu déçus. Personnellement, je l’ai attaqué comme un roman psychologique, et j’ai vraiment focalisé mon attention sur l’exploration des sentiments humains, du rapport à la violence et de ses conséquences sur l’esprit. Avec cet angle d’approche, j’ai trouvé tout ce que j’étais venue y chercher, je suis passée par de grosses phases de questionnement, j’ai vécu chaque épreuve avec Faolan et certaines scènes de la dernière partie m’ont vraiment marquée, à me dresser les poils et à me faire monter les larmes sous la puissance des émotions qu’elles me provoquaient. Je ne me suis pas forcément concentrée sur le scénario en lui-même, j’avais l’impression que le cœur du roman était ailleurs : je n’ai vu que la descente aux enfers de Faolan, et elle est fascinante.

Alors je dirais que si l’aspect psychologique ne t’intéresse pas plus que ça, si tu as de la peine avec les anti-héros et la violence et si tu veux plutôt un roman léger ou centré sur l’aventure, Le dieu oiseau a de bonnes chances de te décevoir ou t’agacer. En ce sens, peut-être que la couverture et le résumé sont un peu trompeurs. J’ai aussi lu plusieurs critiques sur la fin du roman : j’avoue qu’avec mon approche et mon interprétation de cette fin, elle me semble tout à fait adéquate et dans le ton, mais je peux comprendre pourquoi certains se sentent frustrés (un peu dans la même logique que ce que je disais juste avant).

En bref, c’est un livre qui dérange et qui divise, ce qui ne me semble pas une mauvaise chose en soi. Je m’y suis plongée avec ma propre grille de lecture, j’ai savouré le voyage et j’y ai trouvé de très belles choses, et le souvenir reste vif même si je l’ai lu il y a plusieurs mois. Ca m’a donné très envie de découvrir les autres romans d’Aurélie Wellenstein (d’ailleurs, La mort du temps et Le roi des fauves sont déjà au chaud chez Suzette) et je suis ravie d’avoir découvert celui-ci grâce au PLIB.

Pour la musique, j’ai hésité entre « Long way down » des Black Rebel Motorcycle Club et un titre de Foals, mais je retourne finalement à mes classiques pour te proposer « Where is my mind » des Pixies. Si on prend les paroles au premier degré, on peut faire quelques parallèles sympa avec Le dieu oiseau, et c’est une musique qui me fait voyager au moins autant que ce roman.

21 commentaires sur “[#PLIB2019] Le dieu oiseau

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  1. Ouiii je suis d’accord avec tout ce que tu dis (sauf pour la fin^^) !
    J’aime bien ta description aztéco-zeldaesque qui est plutôt bien trouvé en fait ^^ (et un Tomb Raideresque aussi tiens !)
    Des bisooous, et j’espère que les autres romans de l’autrice t’emballeront tout autant ! ❤

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  2. Plus je vois passer des critiques sur cette auteure, plus j’ai envie de la lire. Elle semble mélanger un style narratif très bien construit, un côté psychologique approfondi, avec souvent des atmosphères sombres ou violentes – ce qui ne me rebute pas. Je me demande si je ne commencerai pas avec le Dieu oiseau vu ta critique, il a l’air très déroutant, certes, mais aussi fascinant et très immersif. Et puis les livres qui dérangent dans un bon sens, il n’y en a pas tant que ça…

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  3. Je l’ai lu et ai aimé (même si, comme tu le détailles dans ton post, il est assez particulier). Notamment la fin que je n’attendais pas du tout! D’ailleurs, ce qui m’a le plus surpris avec ce livre, c’est que je me suis inspiré de la même légende que Aurélie Wellenstein pour mon propre roman: Le rite de l’Homme Oiseau, de l’Île de Pâques. C’était drôle de voir nos deux interprétations!

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  4. J’ai personnellement beaucoup aimé le dieu oiseau, mais j’ai encore plus adoré le roi des fauves pour lequel j’ai eu un très gros coup de cœur ! Aurélie Wellenstein a vraiment une écriture bien à elle, ni vraiment stephen king, ni vraiment Leigh bardugo, et chacun de ses livres est une surprise ! Mers mortes me tente beaucoup !
    En tout cas, j’aime énormément votre blog et vos chroniques sont un bonheur à lire ! o

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