Vera Kaplan

Laurent Sagalovitsch, 2016

9782283029978

Première lecture de la « Semaine à 1000 » du Pingouin Vert, un roman vraiment court mais qui attaque avec un angle original la Seconde Guerre Mondiale (eh oui, c’est encore possible !). Je te le dis d’emblée : c’est une histoire qui peut déranger (qui VEUT déranger) par son choix de personnage principal, mais j’aime les anti-héros, et j’aime entrer dans la tête des gens qu’on a tendance à condamner d’emblée, pour essayer de comprendre leurs actions et de me mettre à leur place. Ce livre était donc fait pour moi.

L’histoire est présentée dès le début : Vera Kaplan, jeune femme juive âgée de dix-huit ans au début de la Deuxième Guerre Mondiale, se retrouve enrôlée par la Gestapo pour dénoncer les juifs de Berlin qui sont encore en liberté. Elle envoie ainsi des centaines de personnes dans les camps, dont plusieurs sont des anciennes connaissances, et est condamnée à dix ans de prison une fois la guerre terminée, pendant que son bébé nouveau-né est envoyé dans un orphelinat en Israël.

Petite note au passage : jusqu’ici, toutes ces informations sont véridiques : Sagalovitsch s’inspire en réalité d’une certaine Stella Goldschlag, et si la suite n’est que fiction, ce premier paragraphe est directement tiré de sa vie.

Là vient la partie intéressante : Sagalovitsch nous propose une lettre que Vera aurait écrite à sa fille (qu’elle n’a jamais retrouvée) juste avant de mettre fin à ses jours, et deux journaux intimes qui retracent ces années de guerre. Si la lettre traîne un peu en longueur (c’est relatif hein, le livre ne fait que 150 pages en tout) et sert plutôt à poser le décor, les journaux intimes sont la vraie force de ce roman. On y découvre une Vera pleine de vie, attachante, forcée de faire un choix inhumain, et on suit sa transformation progressive en la femme qu’elle sera après la guerre et jusqu’à la fin de sa vie. C’est une lecture puissante, qui ne cherche pas à excuser ses actes mais à apporter une autre lumière sur cette histoire abominable.

Je n’aime pas parler trop vite de coup de coeur. Ma lecture est toute fraîche, je ferai le point dans quelques mois pour voir ce qu’il m’en reste et les émotions qu’elle provoque en moi sur la durée. Ce que je peux dire par contre, c’est que l’exercice était loin d’être simple, et qu’il est selon moi brillamment réussi. J’aime ne pas pouvoir juger cette femme (je parle en tout cas de Vera), parce que je n’y étais pas, que je n’ai pas vécu ces horreurs, que je ne sais pas comment je réagirais à sa place, et que le jugement hâtif est si facile et si dangereux. Dans tous les cas et quoiqu’on pense de ses agissements, c’est une victime au même titre que tous les gens qui se sont retrouvés pris dans des guerres et qui n’avaient rien demandé.

Je sais ce que tu vas me dire, j’en remets une couche avec Leonard Cohen alors que j’ai déjà proposé tout un album pour Seul le silence. Mais j’y peux rien, sa musique se prête tellement bien à la lecture, et il a écrit une chanson sur la Deuxième Guerre Mondiale. J’ai juste pas pu résister.

9 commentaires sur “Vera Kaplan

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