Melvin Burgess, 1996
Voilà un livre qui m’a pris aux tripes, à la manière de Requiem for a dream. On se sent mal, on est triste, on essaie de se dire que ça va aller alors que tout ne fait qu’empirer de page en page. Oui, Noël c’est fini, on est sur un autre registre… Mais qu’est-ce qu’il est bien ce livre !
L’histoire est simple. Tar est un jeune adolescent un peu timide et tranquille, et il est amoureux de la belle et indépendante Gemma. Battu par son père et culpabilisé par sa mère, il veut fuir de chez lui et faire sa vie à Bristol. Gemma vit une vie tranquille et sans histoire, mais son esprit rebelle et son désir de confrontation parentale la convainquent de partir le rejoindre. Tar s’est trouvé un groupe d’anarchistes, qui squattent des maisons abandonnées et l’accueillent volontiers parmi eux. Par contre, à l’arrivée de Gemma, ils sont moins enchantés : elle n’a aucune bonne raison d’être là, elle fait du mal à ses parents en ne leur donnant aucune nouvelle et elle a un tempérament très impulsif dont ils se méfient. Très vite, sous l’influence de Gemma, Tar quitte son nouveau groupe et ils s’installent avec un autre couple, Lily et Bob, qui leur font découvrir l’héroïne. Et c’est le début d’une longue descente aux enfers qui se déroule sur plusieurs années, entre drogue, pauvreté, centre de désintox, rechute et galères.
Je te l’ai déjà dit plus haut, mais cette lecture fait mal. Et en même temps, c’est une expérience vraiment enrichissante. Ce qui fait sa force, c’est l’absence de jugement de valeur : l’histoire est racontée par plusieurs personnages différents, l’angle change régulièrement, et on sent bien que le ton général n’est pas moralisateur. Évidemment, le but n’est pas non plus de vanter les mérites de la drogue, mais si tu te demandes comment on peut tomber aussi bas et galérer autant à remonter la pente, Junk t’offre un excellent moyen de te mettre à la place de ces jeunes et de mieux comprendre toute la difficulté de redevenir clean quand on est accro aux drogues dures. Le fait de suivre les personnages pendant plusieurs années permet de s’attarder à la fois sur les débuts de l’addiction et sur le combat pour s’en sortir, ça en fait une histoire très complète et vraiment prenante.
Un petit mot sur la langue : je l’ai lu en anglais, mais je te le conseille en version originale uniquement si tu te sens à l’aise, parce qu’il y a beaucoup de mots d’argot qui peuvent freiner la lecture et te faire sortir de l’histoire, ce serait dommage.
Je te laisse avec les Babyshambles, parce que les problèmes qu’a pu avoir Pete Doherty ne sont un secret pour personne et surtout parce que cette musique est chouette et qu’elle colle bien avec l’ambiance de Junk.
C’est une lecture que j’ai faite quand j’étais au collège (entre Christiane F. et l’Herbe Bleue), bref une période très joyeuse en terme de lectures ! Je ne m’en souviens beaucoup moins bien que les deux autres mais j’avais bien aimé.
Bisous !
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Ah oui, une thématique bien sympa… Il faudra que j’essaie les deux autres alors 🙂 (peut-être pas à la suite par contre 😉 )
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Nan effectivement surtout que Christiane F, 13 ans, droguée, prostituée, il est quand même assez dur. L’herbe bleue est plus soft mais assez poignant également, pas du tout dans le même genre.
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Je les note et je te tiendrai au courant quand je les aurai lus alors 🙂
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J’ai lu ce livre quand j’étais dans une période de transition dans ma vie, il m’a marqué et encore aujourd’hui quand je me souviens de ce livre je ne cesse d’avoir une pensée émue pour tous ces personnages présents dans le récit. Je suis tout à fait d’accord avec toi quand tu dis qu’il n’y a aucun jugement de valeur, il y a même une certaine empathie de la part de l’auteur pour ses personnages ce qui augmente le côté attachant et le côté très triste, impuissant du lecteur.
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Exactement ! Et il parvient très bien à nous transmettre cette empathie, c’est toute la force de ce roman. J’ai aussi ressenti cette impuissance, c’est un sentiment horrible mais qui renforce encore la qualité du récit.
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