Au-delà du mal

Shane Stevens, 1979

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J’ai enfin terminé mon pavé ! J’avais déjà envie de te parler, et quelques petites recherches sur ce titre m’ont convaincue qu’il fallait que je te le présente. Sans plus de chichis, quelques mots sur l’histoire :

A dix ans, Thomas Bishop tue sa mère, mettant un terme à des années de mauvais traitement et de violences, et se retrouve en asile psychiatrique. Quinze ans plus tard, c’est un jeune homme diablement intelligent, froid, calculateur, qui parvient à s’échapper et se découvre une mission : éliminer le plus grand nombre de femmes possible, pour nettoyer le monde du mal.

Ce livre te propose donc d’assister à la naissance d’un redoutable tueur en série, et de suivre en parallèle sa progression et l’enquête des policiers qui tentent de l’arrêter. Ce double regard en fait un thriller assez unique, puisqu’on connaît dès le début l’identité du tueur et ses ruses. Le suspense n’est donc pas là où on l’attend, et on peut se demander si un tel choix ne casse pas tout l’intérêt de l’histoire. Eh bien il semblerait que non ! Au-delà du mal n’est pas un polar haletant, rapide et plein de rebondissements. A la place, il te propose une analyse très détaillée du personnage de Thomas Bishop et de toutes les répercussions de l’apparition d’un tel tueur dans les Etats-Unis des années 60. Plusieurs autres personnages sont aussi mis en avant : le sénateur Stoner, qui compte profiter de l’arrivée de Bishop pour gagner des points en défendant la peine de mort, le docteur spécialiste des tueurs en série, Finch, qui en vient à souhaiter qu’il ne soit pas arrêté trop vite pour avoir le temps d’étudier son comportement, et plusieurs inspecteurs (officiels ou non) qui vont tenter d’entrer dans sa tête pour anticiper ses prochains mouvements. A lui seul, ce livre te propose ainsi une réflexion sur la peine de mort, sur la corruption dans le monde politique et au sein de la police, sur la cruauté des différents protagonistes prêts à faire de nouvelles victimes pour gagner du temps/débloquer l’enquête/gagner en popularité, une plongée dans l’esprit d’un tueur en série, et un récit extrêmement précis des différentes étapes de la poursuite de Bishop.

L’inconvénient de ce souci du détail, c’est qu’il entraîne forcément quelques longueurs. Même s’il est assez fascinant d’avoir accès aux pensées d’autant de personnages et d’assister à leur évolution et leurs réactions, le rythme de l’histoire est obligatoirement ralenti et le suspense peu présent pourrait en lasser certains. Par ailleurs, certaines scènes sont plutôt crues, Bishop n’est pas franchement tendre avec les demoiselles qui croisent son chemin.

Pour ma part, je ne connaissais rien de ce livre avant de le commencer, je savais qu’il était sorti en 2009 en français et qu’il avait de bonnes critiques. Je l’ai lu finalement assez vite, j’ai été prise dans l’histoire et j’ai particulièrement aimé les passages sur Bishop, qui te proposent de comprendre comment se crée un tueur en série. Mais ce n’est pas mon premier polar, loin de là, j’ai déjà lu des récits plus rudes et plus haletants, qui mettaient aussi en scène ce genre de tueurs, alors je me suis interrogée sur les raisons de l’engouement autour de ce livre : Stephen King et James Ellroy en font les louanges sur la couverture, ça m’a un peu surprise. Et en faisant mes petites recherches, j’ai découvert qu’il datait en réalité de 1979, et qu’il était considéré aux Etats-Unis comme une vraie référence en matière de thriller. Je comprends bien mieux pourquoi, en le replaçant dans son époque ! Si on en parle aujourd’hui, c’est parce qu’il est resté longtemps connu uniquement par un petit nombre d’initiés, qu’il n’avait été ni réédité en anglais ni traduit en français et qu’il était donc très difficile de l’obtenir, jusqu’à ce que les éditions Sonatine entreprennent d’acheter les droits pour le publier en français (si tu as lu ma critique sur Le livre sans nom, tu sais déjà que j’ai beaucoup d’affection pour Sonatine).

Au vu de ces informations que j’aurais aimé avoir dès le début, je ne peux que te conseiller ce livre. Il est très sympathique si tu le prends comme un simple thriller, il en devient culte si tu considères son âge et son avant-gardisme.

Et pour accompagner cette réflexion sur l’humanité, je ne pouvais pas faire autrement que te proposer « Human » de Rag’n Bone Man, en espérant que ses sonorités sombres et puissantes se marieront parfaitement avec ta lecture.

10 commentaires sur “Au-delà du mal

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  1. La musique plus ton article… En plus je l’avais dans ma ligne de mire ce livre sans jamais le trouver (non en fait j’oublie toujours le titre mais là impossible). Ca m’a toujours fasciné ce genre de roman qui entre vraiment dans la tête d’un fou. D’ailleurs je suis en amour, je suis totalement fan de la saga d’Hannibal, déjà le personnage (Mads Mikkelsen dans la série est hjurbnjhrg) et puis sa relation avec Clarisse !

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    1. Oui, le style est très analytique mais ça permet de vraiment saisir le fonctionnement de Bishop, c’est super intéressant ! Il faut que je me penche sur Hannibal alors, toujours pas testé 🙂

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  2. Influencée par la citation de Maître King (je suis faible !) j’avais acheté ce pavé dans une bouquinerie il y a (hum) deux ans. Depuis il dort dans ma PàL, un peu délaissé :/
    Je penserai à le replacer dans son contexte lorsque je l’en sortirai, merci.

    Aimé par 1 personne

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