[#PLIB2018] Sirius

Stéphane Servant, 2017

#ISBN:9782812614330

Je poursuis tranquillement mes lecture du Prix Littéraire de l’Imaginaire, et c’est cette fois ci Sirius que j’ai pu découvrir, pour mon plus grand bonheur ! C’est celui qui me faisait le plus envie parmi la sélection finale, et il a été à la hauteur de mes attentes. Je ne connaissais pas du tout Stéphane Servant (alors qu’il a déjà gagné plusieurs prix et publié un nombre impressionnant d’ouvrages jeunesse), si le reste de sa production est à l’image de ce livre, je suis bien partie pour en lire d’autres !

Dans ce monde post-apocalyptique, Avril élève seule son petit frère Kid. Forcés de quitter la forêt qui les protégeait depuis plusieurs années, les voilà partis pour un long voyage pour la survie. Ambiance de dévastation, de solitude, de méfiance, et parfois quelques rencontres lumineuses au bord du chemin…

C’est en partie grâce au PLIB que je renoue avec la littérature jeunesse, et je dois dire que si j’y retrouve souvent les caractéristiques qui m’ont lassée, il y a certaines pépites que je suis vraiment ravie de découvrir et qui me resteront longtemps en tête. Sirius en fait partie, et je vais tâcher de te montrer pourquoi sans trop en dévoiler !

Le post-apocalyptique est en général un genre dur, sombre, sans pitié. Ici, le point de départ est plutôt classique : toutes les espèces vivantes ont été frappées de stérilité, l’Homme s’éteint progressivement après avoir tué la plupart des animaux, et les rares survivants se méfient de leurs pairs et se font discrets pour espérer survivre jour après jour. Par contre, le traitement est plutôt inhabituel, et c’est la première chose qui m’a frappée en démarrant Sirius : malgré un cadre post-apo assez conventionnel, Stéphane Servant nous emmène sur une ambiance délicate, poétique, pleine de vie et de mystères, ce qui donne une couleur toute particulière à ce récit.

Une bonne partie de cette atmosphère est due au personnage de Kid, qui a l’air de faire débat. Certains l’adorent, d’autres sont très irrités par son caractère, et puisque c’est un des personnages centraux du récit, si on ne l’apprécie pas on risque fort de passer un mauvais moment de lecture. Personnellement, je n’ai pas eu de problème à supporter Kid. C’est un enfant de l’après, qui n’a quasiment aucun souvenir du monde tel qu’on le connaît et qui grandit avec pour seule compagnie sa grande sœur et les quelques survivants qu’ils peuvent croiser. Tout à fait logiquement, il se désintéresse des codes sociaux, et de certaines transmissions de savoir comme l’apprentissage de la lecture, et bascule de plus en plus vers un comportement animal.

S’il a parfois des allures de je-sais-tout, affirmant sans ciller des choses qui sont à priori fausses, il comprend bien mieux le monde qui l’entoure que ceux qui sont marqués par l’avant et va avoir un rôle primordial pour la fin de l’histoire. Ce genre d’omniscience, surtout à son âge, lui donne un côté étrange et vaguement inquiétant, et ça peut aussi expliquer qu’on puisse avoir du mal à s’attacher à lui au début. Mais mélangé à sa candeur enfantine, ce trait de caractère renforce l’ambiance presque onirique, intrigante et délicieusement mystérieuse qui m’a emportée immédiatement.

Le personnage d’Avril n’est pas en reste : c’est une adolescente pleine de détermination, qui fait preuve d’une patience exemplaire avec Kid et qui est prête à tout pour lui. Courageuse mais aussi pleine de doutes et de remises en question, elle a droit à une belle évolution tout au long de l’histoire, un passé riche et très intéressant et des problématiques qui m’ont touchée, bref je l’ai vraiment appréciée.

Quant à l’intrigue, je la trouve très bien ficelée. On a du rythme, des rebondissements fréquents, tempérés par des passages plus introspectifs qui contribuent à la profondeur des personnages. On s’interroge rapidement sur le rôle de Kid et ce qu’il sait réellement, ce qui amène un genre de suspense qui m’a tenue jusqu’aux dernières pages. Je l’ai dit plus haut, on se fait balader dans cet univers à la fois ravagé et poétique, vers un final grandiose qui relie toutes les trames et clôt cette histoire de manière magistrale et, en même temps, avec une belle simplicité. J’ai beaucoup aimé que les personnages forts comme Avril finissent par se laisser guider par les animaux, qui semblent en savoir bien plus long sur la situation. Et de la même manière, on se laisse promener, on lâche les rennes et on savoure le voyage.

Au final, c’est un roman qui est classé jeunesse à cause de l’âge des personnages principaux, mais qui touche à des sujets durs, avec une délicatesse folle et un beau traitement des personnalités et des émotions. Il peut tout à fait convenir aux adultes, et je pense même qu’il faut un certain recul pour pouvoir vraiment apprécier cette histoire dans son ensemble.

De mon côté, tu l’as compris, j’ai été conquise par la plume, par le ton, par le propos et par la forme. Je trouve au passage la couverture très belle, elle reflète bien l’atmosphère du roman tout en restant simple et graphique. Bref, c’est une histoire qui risque de m’accompagner longtemps, et je remercie grandement le PLIB de me l’avoir fait découvrir.

Tu veux du mystérieux et du poétique pour conclure ? Ca tombe bien, j’ai du Grizzly Bear à te proposer. C’est doux, c’est travaillé, j’adore leur musique et je rêve de les voir en concert. En plus, il y a un ours dans Sirius et le clip se passe dans la forêt, avec un côté faussement enfantin… Okay, j’arrête avec les parallèles et je te laisse savourer !

(Et là, je me rends compte que je t’ai déjà proposé Grizzly Bear pour la Théorie des Cordes. J’espère que tu me pardonneras, parce que je trouve cette chanson bien trop appropriée pour t’en proposer une autre, et puis c’est un groupe qui mérite qu’on parle d’eux plusieurs fois. Voilà.)

18 commentaires sur “[#PLIB2018] Sirius

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  1. J’avoue que j’ai vu passer Sirius plusieurs fois sur la blogo ou sur Booktube et que j’ai regardé ce succès en prenant de la distance (mes dernières lectures ne m’ont pas toutes convaincues que le succès était mérité pour elles), mais j’ai bien aimé ton article, il est assez clair, tu pointes bien ses points positifs et ce qui pourrait éventuellement nous déplaire.

    Je ne vais pas forcément chercher à le lire absolument, mais je suis un peu moins méfiante à son encontre 🙂

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    1. Oh ben c’est déjà une jolie réussite 🙂 J’ai tendance à passer à côté des succès jeunesse aussi, mais là heureusement que le Prix m’a forcé à le lire parce qu’il va vraiment me rester en mémoire je pense 🙂 Le dernier bouquin jeunesse à m’avoir fait cet effet, c’est « Quelques minutes après minuit », je pense !

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  2. J’avoue m’être un peu méfiée de ce livre parce que je le voyais partout, mais tu en parles si bien que j’ai envie de me laisser tenter ! La couverture est magnifique mais le résumé ne me disait pas trop, en fait je ne voyais pas trop quelle serait la trame de l’histoire ^^’

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