[Sélection] Vous reprendrez bien un peu de littérature suisse ?

De temps en temps, par ici, je te propose des petites sélections de romans suisses. Et il se trouve que j’en ai à nouveau lu quelques-uns ces derniers mois : certaines plumes que j’ai déjà mentionnées ici, d’autres que je découvre, et surtout des lectures qui partent dans toutes les directions !

GAHeLiG – Eclats de chocolat

J’attaque avec un recueil de nouvelles qui vient tout juste de sortir. Il est signé par GAHeLiG, un collectif d’auteurs et autrices de l’imaginaire dont je connais déjà quelques noms : on y trouve notamment K. Sangil et Sara Schneider, et c’est cette dernière qui m’a contactée pour me proposer de découvrir en avance ce très joli projet (merci encore pour la confiance !). Eclats de chocolat, c’est douze histoires fantastiques déclinées autour du chocolat, douze manières d’intégrer cette gourmandise fascinante à un cadre futuriste, merveilleux, onirique ou dystopique.

Tu le sais, je ne raffole pas du format du recueil de nouvelles en général, j’ai du mal à passer d’une ambiance à l’autre et je finis toujours par expédier le milieu. Mais là, c’est différent pour plusieurs raisons : déjà, le fait que chaque nouvelle soit signée d’une plume différente permet de bien marquer une coupure entre les textes, ça a été plus facile pour moi d’en lire plusieurs à la suite, puis de faire une grosse pause, d’en reprendre quelques unes, etc., pour toutes les apprécier individuellement. Et puis, le fil rouge du chocolat fonctionne très bien : à chaque nouvelle histoire, on sait qu’on va retrouver un élément familier, on essaie de deviner la façon dont il sera amené, on compare les traitements, ça rajoute un côté ludique et un liant entre tous les voyages.

Bref, j’ai passé un très bon moment avec ce recueil qui rend hommage au chocolat sous toutes ses formes. Chaque nouvelle propose un style et une patte qui la différencie des autres, et l’ensemble est étonnamment homogène. Un projet ambitieux mais tout à fait réussi, si tu veux mon avis !

Hélène Dormond – Zone de contrôle

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On poursuit avec le dernier roman d’Hélène Dormond, Zone de contrôle, qui m’a été envoyé par Plaisir de Lire que je remercie encore vivement ! J’avais déjà parlé ici de son premier roman, Liberté conditionnelle, et j’étais ravie de découvrir cette nouvelle parution.

On est à nouveau dans une ambiance plutôt feel-good, avec une exploration de l’âme humaine et un personnage qui va doucement apprendre à s’accepter et s’autoriser à lâcher prise. Le ton est doux, on sent toute la tendresse que l’autrice porte à son héroïne et à ses combats intérieurs. Et c’est donc avec plaisir qu’on suit Marianne dans sa reconversion professionnelle, ses premières expériences en tant qu’auxiliaire de police, ses histoires de collègues et de famille, bref, les aléas de la vie et les leçons qu’elle en tire.

C’est une chouette lecture, qui s’avale rapidement et nous donne le sourire. Je me suis moins attachée à Marianne qu’aux personnages de son premier roman, mais c’est probablement parce que je m’identifie moins à son caractère (qui est, par ailleurs, tout à fait crédible et cohérent) et ça ne m’a pas empêché d’apprécier ma lecture !

Stéphanie Glassey – L’éventreuse

Stéphanie Glassey - Payot Événements

Et je termine avec L’éventreuse : j’avais beaucoup aimé le premier roman de Stéphanie Glassey, Confidences assassines, il était donc naturel d’acheter sa dernière parution, dans la collection « Gore des Alpes » qui propose des récits horrifiques, cinglants et inspirés de la littérature pulp.

Alors forcément, il s’agit d’avoir l’estomac bien accroché, parce que la plume graphique et psychologique de Stéphanie Glassey se met cette fois au service d’une atmosphère glaçante et de scènes franchement trash. On y découvre des portraits de femmes, coincées dans les petits villages d’une autre époque, forcées de satisfaire les besoins physiques des hommes et condamnées si elles ont le malheur de tomber enceintes. On y retrouve la figure de la « sorcière » déjà explorée dans Confidences assassines, cette femme seule qui connaît les plantes et les secrets de famille, qui inquiète autant qu’elle soulage, qui est témoin de toutes les injustices et les maltraitances, dans cet équilibre précaire entre respect et crainte qu’elle est contrainte d’installer pour sa propre survie.

C’est un récit douloureux et impitoyable, qui provoque dégoût et révolte quand on voit les conditions insoutenables de ces avortements forcés, mais qui bascule aussi dans une vengeance aussi jouissive que sanglante. A ne pas mettre entre toutes les mains donc, mais si ce type d’écrits t’intéresse, il est mené avec brio par cette plume que je me réjouis de retrouver dans ses prochains romans !

8 commentaires sur “[Sélection] Vous reprendrez bien un peu de littérature suisse ?

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  1. Je ne suis pas non plus fan des nouvelles (même s’il y a toujours des exceptions), mais tu me donnes bien envie de découvrir ce recueil autour du chocolat ! Tu donnes bien envie de le déguster !
    « Gore des Alpes »… ça m’intrigue ! ^^ Même si je ne suis pas sûre qu’un livre plein de sévices subis par des femmes soit vraiment pour moi… Ta chronique incite pourtant à découvrir cette plume !

    Aimé par 2 personnes

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