[Sélection] Trois premiers romans d’auteurs suisses

Dans le cadre du Salon du Livre romand qui se déroulait à Fribourg en avril, j’ai acheté trois romans bien différents et qui m’ont beaucoup plu. Je ne te présente pas souvent de livres suisses par ici (pour la simple raison que j’en lis relativement peu), je me suis dit que ce serait l’occasion de te présenter un petit échantillon de ce qui se fait dans le coin.

Hélène Dormond – Liberté conditionnelle (2016)

Le résumé de Liberté Conditionnelle m’a immédiatement interpellée. C’est l’histoire de deux parcours croisés, Magali la jeune assistante sociale qui se dévoue aux autres et Matthias la tête brûlée en recherche d’adrénaline et de plaisir. C’est aussi l’histoire d’une greffe de cœur, et d’une question : qu’est-ce qui se transmet exactement, lorsqu’on reçoit l’organe de quelqu’un d’autre ?

Quel beau moment de lecture, vraiment. Matthias et Magali ont des personnalités fouillées, et s’ils peuvent apparaître un peu clichés au premier abord, ils se révèlent rapidement complexes, attachants, complets, et surtout très humains. On assiste à leurs problèmes familiaux, leur façon de se positionner dans le monde qui les entoure, leurs choix de vie, et tout s’imbrique à la perfection, sans fausse note. Au final, on connaît tous un Matthias et une Magali, et c’est très agréable de croiser des personnages fictifs aussi proches de la réalité.

Quant à l’histoire dont je ne révélerai rien, elle se déroule de manière fluide, je n’ai pas vu le temps passer et je me suis laissée surprendre par les rebondissements. Un roman contemporain tout en douceur donc, qui se savoure en un après-midi et qui souligne de sa plume délicate la beauté de l’ordinaire et de la vie quotidienne.

Cornélia de Preux – L’aquarium (2012)

Changement d’ambiance et de ton avec L’aquarium, un huis clos glaçant et impitoyable signé Cornélia de Preux. La famille Birgus ne roule pas sur l’or, et quand Constantin annonce un prochain voyage aux îles Fidji, sa femme n’en croit pas ses oreilles. A raison, puisque cette déclaration, à l’origine juste destinée à clouer le bec des voisins, va devenir une obsession pour le père de famille : puisqu’il l’a annoncé, il faudra bien qu’ils partent en vacances pour ne pas perdre la face. Ou en tout cas, qu’ils le fassent croire…

Dans ce roman, on assiste au basculement d’un homme qui s’enlise dans son mensonge, qui perd pied dans sa vie professionnelle et qui tente désespérément de sauver son image de père, de pilier de la famille et d’homme accompli. A la frontière entre dépression et folie, il force sa famille à s’installer dans la cave de leur maison, pour simuler deux semaines d’absence et recréer des liens forts à travers cette cohabitation insolite. Cet enfermement prolongé permettra de révéler les caractères de chacun, et j’ai vraiment aimé assister à l’évolution des différents personnages. C’est un livre écrit avec beaucoup de minutie, en une lente agonie vers une fin qui semble inévitable.

Bref, l’idée m’a beaucoup plu, la plume est habile et efficace, la construction intelligente, on ressent  sans peine l’étouffement et l’isolement des Birgus, et il est difficile de lâcher ce roman avant d’en connaître le dénouement. Une lecture glaçante mais passionnante !

Jon Monnard – Et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique (2017)

Je suis d’abord tombée sous le charme du titre et de la couverture. C’est un très bel objet, mais son intérêt ne s’arrête pas à l’emballage. Dans ce roman, on suit Coska, un jeune homme discret et passionné d’écriture, qui se retrouve plongé dans le monde luxueux, exubérant et frénétique de la mode. Trop sensible, trop sincère, saura-t-il se faire une place ou la chute est-elle inévitable ?

Je n’ai qu’une chose à dire : quelle plume. Ce livre est court mais chacune des pages mérite qu’on s’y attarde pour apprécier la musicalité des phrases, le choix des mots, les idées stylistiques amenées avec une élégance qui souligne l’intrigue sans la polluer. L’histoire s’articule en trois parties, et chacune a sa propre identité, son propre ton en harmonie avec les deux autres.

Je t’avoue que je ne me suis pas vraiment identifiée à Coska, j’étais trop occupée à admirer la plume, mais ce n’est pas pour autant que le scénario m’a laissée insensible. Cette montée en puissance qui ne peut que conduire à une chute très violente, ce sentiment de fatalité qui fait écho à un Great Gatsby que j’affectionne particulièrement, tout s’additionne avec une maîtrise admirable et l’expérience de lecture vaut le détour, sans aucun doute.


Trois premiers romans très prometteurs donc, trois belles rencontres et trois plumes que je vais suivre attentivement, et si au passage j’ai pu te permettre d’ouvrir un coin de ton horizon à la littérature romande d’aujourd’hui, tu m’en vois ravie.

Pour conclure en musique, bien évidemment, je tenais à te proposer un artiste suisse romand. Pour son côté doux, travaillé et maîtrisé, je suis partie sur Soften, nom de scène d’un musicien vaudois autodidacte et talentueux. Fiery Romance est mon titre préféré de l’album « Rocket Science », je suis bien contente de te le partager.

20 commentaires sur “[Sélection] Trois premiers romans d’auteurs suisses

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    1. Ah ben c’est marrant, sur le principe j’aurais pensé que Libération conditionnelle était plus proche de ta zone de confort ^^ Comme quoi, hein ! En tout cas je suis bien contente d’avoir su titiller ta curiosité 😀 Et très contente aussi que tu apprécies Soften ! 😀

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  1. De vieilles connaissances! En particulier Hélène Dormond a signé un roman cocasse sur le développement personnel, « L’Envol du Bourdon », autour d’un homme qui a un problème d’affirmation de soi. Et le recueil de nouvelles « La Fin des haricots » de Cornelia de Preux regroupe quelques textes bien fulgurants. A essayer!

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  2. Yeaaah j’aime tellement découvrir des romans et des auteurs/autrices un peu méconnus (enfin, en France, et pour moi ^^) !
    Ces trois histoires me tentent alors je te remercie que moyennement (parce que j’ai trop de livres dans ma wishlist et que c’est pas raisonnable, mais en même temps, j’adooore faire des nouvelles découvertes !)^^

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    1. Héhéhé 😀
      Ah bah ouais c’est con hein, parce que pour le coup Outlander était un bon candidat x) Après voilà, si globalement je sais bien choisir mes lectures, je peux rien y faire quoi, c’est un don inné.
      😀

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  3. J’ai vu passer et à la fois je savais que je n’étais pas magnifique, et depuis il me tente beaucoup. Il faut définitivement que je me le procure. Quant aux deux autres, je ne connaissais pas du tout, mais le peu que tu en dis me donne très envie aussi. Bien évidemment, ma wishlist ne te remercie absolument pas.

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    1. D’autant que l’auteur est un jeune talent très prometteur 🙂 Ah je ne suis même pas désolée ! 😉 Pour une fois que je peux faire un peu de promo pour des auteurs suisses, je vais pas me gêner 😀

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  4. Moi non plus je ne lis pas beaucoup de littérature suisse, et ce n’est certainement pas assez comme le confirme cette sélection! J’avais déjà repéré celui de Jon Monnard, et ta présentation de celui de Cornélia de Preux fait très envie aussi.

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    1. Je comprends tout à fait ! On est tellement inondés de pub pour les livres français qu’on ne connaît pas du tout ce qui se fait dans le coin, alors difficile de choisir au hasard ^^ Mais je suis contente si j’ai pu proposer des titres qui t’interpellent !

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